Algérie: Abdelmadjid Tebboune affrète un avion de ligne pour les besoins de sa campagne

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune.

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune.. DR

Le 18/11/2019 à 14h40, mis à jour le 18/11/2019 à 14h57

Pour ces présidentielles, Abdelmadjid Tebboune est le candidat qui dispose des fonds les plus importants pour financer sa campagne. 38 meetings sont donc prévus, et ses déplacements se font à bord d’un avion d’Air Algérie spécialement affrété. 27 véhicules sont également mis à sa disposition.

Des moyens logistiques digne d’une campagne présidentielle américaine. Abdelmadjid Tebboune n'a pas lésiné sur les moyens pour accéder à la fonction suprême.

Aux antipodes de son discours habituel, qui prône la transparence financière, le très éphémère Premier ministre de Abdelaziz Bouteflika (du 25 mai au 25 août 2017) a rassemblé des fonds colossaux pour financer sa campagne en vue du scrutin du 12 décembre prochain. 

Pour sa campagne, pas moins de 38 meetings sont prévus aux quatre coins de l’Algérie. Rien d’anormal jusqu'ici.

Mais voilà qu’il se trouve que le candidat Tebboune a affrété, de plus, un avion de ligne d’Air Algérie pour les besoins de sa campagne. De plus, pour la seule ville d’Alger, 27 Volkswagen Passat neuves ont été mis à la disposition de ce candidat, septuagénaire, pour ses déplacements et ceux de son équipe de campagne. 

Cependant, des zones d’ombre subsistent sur le financement de cette dispendieuse campagne électorale, mais aussi sur la provenance des fonds qui financent sa candidature, à 74 ans.

D’après le site d’information en ligne Algérie Part, la démission d’Abdellah Baâli, ex-directeur de campagne d’Abdelmadjid Tebboune, confirme l’apport financier douteux de certains hommes d’affaires, à la réputation déjà bien écornée.

D’après les investigations menées par Algérie Part, des hommes d’affaires sulfureux cités dans plusieurs dossiers de dilapidation de deniers publics ont fait d’important dons à l’équipe de campagne de Tebboune, ex-membre du principal parti du pays, le Front de libération nationale (FLN), et désormais candidat sans étiquette politique. 

Il s’agit, entre autres, d’après le site d’information en ligne susmentionné, des frères Lassel, riches promoteurs immobiliers et importateurs de produits alimentaires ou agricoles. De plus, il faut savoir que l’un des frères Lassel n’est autre que le beau-frère d’Abdelmadjid Tebboune.

Ces hommes fortunés ont fait plusieurs dons en argent liquide à l’équipe de campagne de ce haut commis de l’État, aujourd’hui candidat au palais d’El Mouradia.

Toujours d’après Algérie Part, un autre homme d’affaires aux multiples frasques, Teddj-Eddine Addou, l’une des ancienne parties prenantes d'un gros scandale dans le pays, celui de l’autoroute Est-Ouest, a fait un don «modique», à hauteur de 4 milliards de centimes.

Ce don, en fait colossal, a été versé à l’un des lobbyistes les plus fidèles d’Abdelmadjid Tebboune: il s’agit de Djaoued Bey, fils du très fortuné Achour Bey, dont la fille est, en fait, l’épouse du fils de général Ghenim, l’ancien secrétaire général du ministère de la Défense nationale.

Le financement de la campagne électorale d’Abdelmadjid Tebboune résume donc parfaitement le fonctionnement de l’État algérien, désormais sous le joug du général Ahmed Gaïd Salah, qui fait ainsi fonctionner son puissant réseau. Une république des copains et des coquins, en somme. 

Par Karim Ben Amar
Le 18/11/2019 à 14h40, mis à jour le 18/11/2019 à 14h57