Algérie: mesures d'urgence de Tebboune: faire de l'austérité sans austérité

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Le 11/03/2020 à 15h00, mis à jour le 11/03/2020 à 15h02

Pour se tirer d'affaire face à des prix du brut qui caressent leur plus bas niveau depuis 2016, le gouvernement algérien doit se serrer la ceinture et limiter les importations, au risque de courroucer le peuple. Il faut donc trouver les mots pour faire passer la pilule.

Une stabilisation des cours du Brent autour de 35-40 dollars est une éventualité plus que probable. L'Algérie qui comptait sur un baril à 60 dollars, ne sait plus où donner de la tête et veut adopter des mesures qui relèvent d'un exercice de prestidigitateur. En effet, pour s'en sortir, l'austérité budgétaire et la limitation des importations sont plus qu'obligatoires. Mais le gouvernement ne veut pas en entendre parler, du moins, en apparence. 

Abdelmadjid Tebboune doit ajuster son budget dans les plus brefs délais afin de boucler l'année 2020. C'est en tout cas l'objet principal de la réunion du Conseil des ministres, hier mardi 10 mars, d'après le communiqué final. 

D'après le contenu du document, le président algérien semble avoir pris conscience des difficultés qui se profilent à l'horizon et a demandé des mesures urgentes, notamment au grand argentier du pays. Le ministre des Finances a ainsi été "instruit pour la présentation immédiate d’une première loi de finances complémentaire pour lever certaines incohérences de la loi de finances 2020".

Le gouvernement algérien fait clairement allusion aux cours actuels du pétrole qui se sont effondrés depuis le weekend dernier. L'objectif est d'y "inclure des mesures à même de contrer les effets financiers générés par la crise actuelle et recouvrer les recettes fiscales et douanières non perçues", poursuit le communiqué du conseil des ministres. 

Evidemment, la question qui vient à l'esprit de beaucoup d'observateurs est celle de savoir ce que Abderrahmane Raouya va sortir de son chapeau de ministre des Finances. Endettement extérieur ou planche à billets? 

Ce sont les deux solutions qui sont pourtant à portée de main, compte tenu de leur facilité à être mises en application. Sauf que Tebboune ne veut entendre parler ni de la première, ni de la seconde. Puisque le communiqué affirme que Tebboune a rejeté, à cette occasion, "de manière ferme le recours à l’endettement et au financement non conventionnel".

Une chose plus facile à dire qu'à faire. Le gouvernement algérien compte ainsi freiner la sortie de devises, notamment en réduisant les importations. Mais pour faire passer la pillule aux Algériens, le communiqué parle de "gestion intelligente des importations sans que le citoyen ou l’économie nationale ne soient privés de quoi que ce soit, sachant que l’Etat dispose de moyens suffisants pour les années 2020 et 2021 pour ne pas subir des pénuries d’intrants industriels ou de produits nécessaires à la vie du citoyen". 

Enfin, "le gouverneur de la Banque centrale a été instruit pour accompagner ce mouvement de relance de l’activité économique, de même qu’il lui a été ordonné, sous l’autorité du Premier ministre et en consultation avec le ministre des Finances, de verser à la réserve légale en or toutes les saisies douanières ainsi que le Fonds de solidarité nationale qui étaient gelés depuis plusieurs décennies à des niveaux qui ne leur permettaient pas de servir de garantie. De même, il a été chargé de veiller au remboursement des prêts accordés par les banques dans le cadre d’investissements privés", conclut la même source.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 11/03/2020 à 15h00, mis à jour le 11/03/2020 à 15h02