On pensait que la purge avait pris fin, mais un nouveau coup de balai nous montre que l'armée algérienne n'est pas sur le point de voir le bout du tunnel.
La guerre souterraine que mènent les clans au sein de la grande muette se poursuit et s’accentue depuis la disparition brutale, en décembre dernier, du général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, ancien chef d’Etat-major et vice-ministre de la Défense.
Pour asseoir son régime, loin de l’influence des proches de l’ancien homme fort du pays qui se sont incrustés dans tous les postes clés de l’appareil sécuritaire et militaire du pays, à la faveur d’une purge sans précédent menée par Gaïd Salah en 2018 et 2019, le président Abdelmadjid Tebboune aidé de son chef d’Etat-major par intérim, le général Saïd Chengriha, a entrepris une recomposition de la grande muette avec une nouvelle purge. Celle-ci vise à débarrasser l'appareil militaire de tous les proches du défunt homme fort du pays, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah.
Ainsi, le grand chamboulement au sein de la haute hiérarchie militaire et des directions des centres névralgiques de l’armée se poursuit avec des mises à la retraite, des limogeages et des placements en détention pour corruption et enrichissement illicite.
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Le dernier acte en date a touché la justice militaire installée par Ahmed Gaïd Salah. Ainsi, le directeur de la justice militaire, le général Amar Boussis, et le procureur général près du tribunal militaire de Blida, le colonel Mohamedi, ont été limogés, rapporte Algerieopatriotique, citant des sources sûres. Du coup, ce sont de nouvelles têtes au sommet de la juridiction militaire qui auront la charge de juger les anciens membres du clan Gaïd Salah désormais tombés en disgrâce.
Ces deux hommes étaient les clés du système judiciaire militaire mis en place par Gaïd Salah pour juger les hauts gradés de l’armée algérienne dans des procès expéditifs dans le cadre de la lutte féroce qui opposaient les hauts gradés de l’armée à la fin du règne du président Bouteflika.
Ils étaient derrière le procès du «clan Bouteflika», dont Saïd Bouteflika, frère de l’ex-président, les ex-généraux Mohamed Mediene dit «Toufik», Athmane Tartag et la dirigeante politique de gauche Louisa Hanoune, figure de l’opposition algérienne. Dans un procès expéditif, les quatre personnes, accusées de «complot avec des réunions» visant à «porter atteinte à l’autorité de l’Etat et de l’armée», ont été condamnées à 15 ans de prison.
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Selon Algeriepatriotique, le général Amar Boussis, proche de Gaïd Salah, serait derrière le décret présidentiel, signé par le président par intérim Abdelkader Bensalah, qui donne un statut particulier aux magistrats militaires. Une sorte de bouclier servant à protéger ceux-ci contre d’éventuelles poursuites à leur encontre au cas où le régime changerait de mains.
Un décret qui leur assure aujourd’hui une certaine immunité, contrairement au général Wassini Bouazza, ancien directeur de la DGSI (contre espionnage), et autre proche de Gaïd Salah, limogé il y a quelques semaines et qui se trouve actuellement en prison, suite à la fuite aux Emirats arabes unis de l’adjudant-chef Ghirmat Benouira, la boîte noire de l’ancien chef d’Etat-major de l’armée algérienne, qui a emporté avec lui des documents classés «Secret défense». Il a payé aussi son soutien au candidat Azzedine Mihoubi du rassemblement national démocratique (TND) lors de la présidentielle algérienne de l’année passée que l’actuel locataire du palais El Mouradia lui fait payer cash.
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Quant au général Abdelkader Lachkham, directeur central des transmissions, il a été mis au placard en attendant sa mise à la retraite.
Et toujours dans le cadre de cette purge, le dossier du général-major Chérif Zerrad, ancien chef du département emploi-préparation de l’Etat-major de l’armée algérienne, considéré également comme l’un des plus proches de Gaïd Salah jusqu'à l’affaire du député milliardaire Baha Eddine Tliba, connaît une nouvelle tournure. Limogé en octobre 2019 par Gaïd Salah, après plusieurs convocations, il a été auditionné par le tribunal militaire de Blida avant d’être incarcéré et placé sous mandat de dépôt. Il est accusé, selon Algérie Part, «d’enrichissement illicite».
Il y rejoint quelque 150 officiers de l’armée algérienne incarcérés dans la prison de Blida suite aux purges menées par Gaïd Salah et actuellement par le duo Tebboune-Chengriha.
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En clair, Tebboune et Chengriha entendent de purger de la hiérarchie militaire tous les hommes installés aux postes clés de l’appareil sécuritaire et militaire lors des purges initiées par Gaïd Salah.
Il faut dire que le président Abdelmadjid Tebboune, ayant bien compris le rôle important que jouait le défunt Ahmed Gaïd Salah au sein de l’oligarchie militaro-politique, a décidé de concentrer tous les pouvoirs pour mieux maîtriser la grande muette. Ainsi, outre, le titre de chef de l’Etat, il est le ministre de la Défense sans vice-ministre, un titre qui était accordé à l’ancien chef d’Etat-major au temps d’Abdelaziz Bouteflika. Autrement dit, il contrôle sans partage le portefeuille de la Défense.
Saïd Chengriha n’est jamais que chef d’Etat-major par intérim, autrement dit sur une chaise éjectable. Il profite lui aussi de cette purge en écartant toute opposition gênante des caciques de l’armée, dont certains sont plus gradés que lui.
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Ces purges ne sont pas sans rappeler celles entreprises par le défunt Ahmed Gaïd Salah en 2018 et 2019 pour mettre ses hommes aux postes clés de l’appareil sécuritaire et militaire algérien, n’hésitant pas au passage à emprisonner de nombreux généraux-majors et d’en contraindre d’autres à l’exil en Europe. En clair, tous les généraux et hauts gradés placés par le défunt Gaïd Salah doivent s’inquiéter. Et le retour du général Sidi Ali Ould Zemirli à la tête de la Direction centrale de la sécurité de l’armée (DCSA) n’est pas pour les rassurer.
Une chose est sûre, l’instabilité au sommet de la hiérarchie sécuritaro-militaire algérienne perdure et la guerre des clans devrait se poursuivre. Autrement dit, la nouvelle purge ne fait que débuter.