Algérie: Tebboune poursuit sa purge en limogeant le commandant des Forces aériennes de l’armée

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Le 12/06/2020 à 12h06, mis à jour le 13/06/2020 à 09h26

Le président Abdelmadjid Tebboune vient de limoger le général-major Hamid Boumaiza, de ces fonctions de commandant des Forces aériennes de l’armée algérienne. Une décision qui entre dans le cadre de la purge au sein de la grande muette qui touche tous les anciens proches du défunt Gaïd Salah.

Le président Tebboune et son chef d’Etat-major par intérim, Saïd Chengriha, poursuivent leur stratégie désormais bien huilée visant à démanteler ce qui reste du clan de feu Ahmed Gaöd Salah, ancien vice-ministre de la Défense et chef d’Etat-major de l’armée algérienne, à travers une purge qui touche la grande muette et l’appareil sécuritaire du pays. Ce, afin de neutraliser tous ceux qui peuvent les empêcher de gouverner paisiblement.

Dernière en date, le limogeage le jeudi 11 juin du général-major Hamid Boumaiza, commandant des Forces aériennes de l’armée nationale populaire.

«Par décret présidentiel du 4 Chaoual 1441 correspondant au 27 mai 2020, il est mis fin aux fonctions de commandant des forces aériennes, exercées par le général-major Hamid Boumaiza», lit-on.

Le général-major Boumaiza dirigeait les Forces algériennes de l’armée depuis septembre 2018, date à laquelle il avait remplacé le général-major Abdelkader Lounes, mis à la retraite, dans le cadre d’une purge initiée par le défunt général de corps d’armée, feu Ahmed Gaïd Salah, sous le régime agonisant d’Abdelaziz Bouteflika.

Et depuis le décès de l’ancien homme fort d’Algérie, le président Tebboune semble décidé à prendre en main l’armée en se débarrassant de tous les hommes de confiance placés par l’ancien vice-ministre de la Défense et chef d’Etat-major de l’armée algérienne sous Bouteflika.

Non seulement il s’est arrogé seul des prérogatives du ministère de la Défense en ne nommant pas de vice-ministre de la Défense, mais il poursuit aussi le nettoyage de l’armée à travers le chamboulement au sein de la hiérarchie militaire et des directions des centres névralgiques à coup de limogeages, de mises en retraite et de placements en prison de hauts gradés, pour les remplacer par ses hommes de confiance.

Tout récemment, c’est la justice militaire qui a été touchée par ces purges avec les limogeages du directeur de la justice militaire, le général Amar Boussis, et du procureur général près du tribunal militaire de Blida, le colonel Mohamedi. Il s’agit de deux hommes de confiance de l’ancien chef d’Etat-major qui avaient la charge de juger les hauts gradés et les personnalités tombées en disgrâce dans des procès expéditifs.

Avant eux, le président et son chef d’Etat-major par intérim avaient ciblé les services de renseignement avec le limogeage du général Wassini Bouazza, ancien directeur de la DGSI (contre espionnage) avant son emprisonnement suite à la fuite aux Emirats de Ghirmat Benouira, la boîte noire de «Gaid Salah» et surtout à cause de son soutien lors de la présidentielle de 2019 à Azzedine Mihoubi contre l’actuel locataire du palais El Mouradia. Il a rejoint quelque 150 officiers incarcérés à la suite des purges initiées par Gaïd Salah et plus récemment par Tebboune à la prison militaire de Blida. Abdelkader Lachkham, puissant patron des Transmissions, a été mis au placard, sauvé de la destitution et de la prison grâce à son soutien indéfectible à Tebboune lors de la présidentielle.

Pour sa part, le général-major Mohamed Kaïdi, promu une année auparavant, en même que Bouazza, pour diriger les puissants services de renseignements algériens, a été rétrogradé au poste de chef de département emploi-préparation de l’Etat-major de l’armée.

Bref, tous les hauts gradés placés par le défunt Gaïd Salah doivent s’inquiéter. Tebboune, ayant compris le rôle nuisible que peut jouer la grande muette, ne compte pas les épargner et compte mettre ses hommes à tous les postes clés de l’armée et de l’appareil sécuritaire algérien.

Une manière pour Tebboune de consolider son régime loin des pesanteurs de la hiérarchie militaire. Ce qui sera très difficile dans un pays où la grande muette est habituée à jouer les premiers rôles, aussi bien en politique qu’au niveau économique à travers les oligarques, avec les conséquences qu’on voit actuellement.

Reste que Tebboune doit régler le cas du chef d’Etat-major par intérim, Saïd Chengriha, qui souhaite désormais sortir de l’intérim et surtout jouir de toutes les prérogatives de son prédécesseur feu Gaïd Salah, dont celui du poste de vice-ministre de la Défense. Une erreur que ne souhaite pas reproduire l'actuel locataire du palais d'El Mouradia. Un casse-tête à régler pour Tebboune. 

Par Karim Zeidane
Le 12/06/2020 à 12h06, mis à jour le 13/06/2020 à 09h26