Ce ne sont pas moins de 585 cas qui ont été testés positifs en Algérie ce jeudi, ce qui, dans un pays où l'insuffisance de diagnostics est chronique, constitue un nouveau chiffre inquiétant. Cela porte officiellement à 21.351 cas confirmés de Covid-19.
Toutefois, avec les chiffres algériens, la plus grande prudence s'impose. En effet, ces 21.351 cas ne sont que ceux détectés par les tests RT-PCR, c'est-à-dire Reverse Transcriptase-PCR ou "Transcriptase inverse-Réaction en Chaîne par Polymérase". En d'autres termes, le test de diagnostic moléculaire mettant en évidence la présence du virus Sars-CoV-2 chez une personne.
Or, ce fameux test coûte cher, jusqu'à 80 euros par dépistage. C'est pourquoi l'Algérie lui préfère de loin les scanners des poumons, moins fiables et non reconnus par l'Organisation mondiale de la santé. Par-dessus tout, ils ne peuvent pas être effectués à un stade précoce de la contamination, puisqu’ils ne mettent en évidence que les effets d’une maladie déjà avancée. Or, depuis le début de la pandémie, il y a beaucoup plus de personnes diagnostiquées grâce à ces fameux scanners de la cage thoracique, qu'à travers les PCR.
Lire aussi : Algérie. Covid-19: face à la faillite de l'État, les citoyens prennent le relais
C'est pourquoi, quand officiellement il y a 585 cas issus des tests RT-PCR comme aujourd'hui, c'est qu'il y a plus d'un millier de personnes contaminées. Un détail qui n'a pas échappé à ce twitto du nom de Djerbal Chabane qui le dit clairement. "Selon le bilan officiel de ce jeudi, 585 nouveaux infectés (PCR) ont été recensés ces dernières 24 h, ce qui constitue un nouveau record, portant à 21.351 le total des cas confirmés depuis le début de l’épidémie. Avec ceux détectés au scanner, on doit dépasser 1.000 cas", écrit-il sur son compte.
En outre, l'Algérie vit clairement une deuxième vague de contamination, autrement plus virulente que la précédente. Selon beaucoup d'observateurs, le virus en Algérie est devenu beaucoup plus contagieux. C'est en tout cas, l'avis du pneumologue algérien interrogé par le site d'information Tout sur l'Algérie, le docteur Salim Nafti, selon qui "il a fallu un petit déconfinement pour laisser les gens prendre les transports en commun et la réouverture des commerces", pour qu’il y ait une augmentation de la contagiosité.
Et d'ajouter: "ce virus est apparemment devenu plus contagieux. Aujourd’hui, on parle de super contaminants, c’est-à-dire des personnes qui contaminent 20 personnes dans les 24 à 48 heures, lors qu’avant ça ne dépassait pas 3 cas. Ceci explique le nombre effarant des cas dont il faudra bien sûr s’occuper".
Toutes ces choses mises bout à bout montrent clairement que la situation en Algérie est plus qu'alarmante, même si les autorités font tout pour laisser croire que la situation est maîtrisée.
Lire aussi : Vidéo. Algérie: «je préfère que les gens meurent de faim que du coronavirus», a dit le wali de Djelfa
D'ailleurs, de temps en temps, au sein même de l'administration les propos des responsables trahissent l'existence de cadavres soigneusement rangés dans les placards. C'est le cas notamment du wali de Sétif, qui faisait une très officielle déclaration relayée par la non moins officielle agence Algérie Presse Service (APS), affirmant que, dans sa wilaya, plus d'une dizaine de décès étaient enregistrés par jour à cause du Covid-19.
L'APS écrivait alors, le 8 juillet dernier, l'éloquente phrase suivante: “Faisant état d’une situation épidémiologique ‘détériorée’ et ‘préoccupante’, après avoir enregistré au cours des dernières semaines une augmentation ‘significative’ du nombre quotidien de contaminations confirmées par la Covid-19, le wali a révélé que ‘la wilaya de Sétif enregistre une moyenne quotidienne d’environ 10 décès’ ” .
Alors qu'au même moment, au niveau national, le ministère de la Santé soutenait mordicus que le nombre de morts ne dépassait pas une moyenne de 7 par jour.