Algérie: la répression en quelques dates depuis l'arrivée de Tebboune au pouvoir

DR

Le 15/09/2020 à 15h11, mis à jour le 15/09/2020 à 15h12

Les autorités algériennes ciblent depuis de nombreux mois militants du mouvement de contestation "Hirak", opposants politiques, journalistes et internautes, multipliant poursuites judiciaires et condamnations.

Le 12 décembre 2019, Abdelmadjid Tebboune, un ex-fidèle du président déchu Abdelaziz Bouteflika, remporte la présidentielle boycottée par l'opposition et marquée par une abstention record (plus de 60%).

Dès le lendemain, il est contesté dans la rue par le mouvement populaire et pacifique, "Hirak", qui ébranle l'Algérie depuis février 2019 et a obtenu la démission de Bouteflika deux mois plus tard.

Tebboune dit "tendre la main" au "Hirak" pour "bâtir une Algérie nouvelle".

- Fin janvier 2020, Human Rights Watch déplore que les manifestants du "Hirak" continuent d'être arbitrairement arrêtés et poursuivis.

Des dizaines de manifestants pacifiques ont été arrêtés depuis l'élection de Tebboune, d'après l'ONG.

- Le 22 février, des milliers de personnes se rassemblent à Alger pour marquer le 1er anniversaire du "Hirak". "Le peuple veut faire chuter le régime", scandent-ils.

- Le 17 mars, M. Tebboune interdit les rassemblements publics, et donc les marches du "Hirak", pour lutter contre le nouveau coronavirus.

Plusieurs personnalités du "Hirak" et opposants appellent à suspendre la mobilisation.

- Le 24 mars, Karim Tabbou, une figure emblématique de la contestation, est condamné en appel à un an de prison ferme.

- Le 29, Khaled Drareni, correspondant pour la chaîne francophone TV5 Monde et pour Reporters sans frontières, est placé en détention préventive, après avoir couvert une manifestation du "Hirak".

- Le 22 avril, les députés adoptent un projet de réforme du code pénal "criminalisant" la diffusion de fausses informations qui portent "atteinte à l'ordre public et à la sûreté de l'Etat", un texte contesté par les militants des droits humains.

- Le 15 mai, le site d'information politique L'Avant-Garde Algérie est bloqué, dernier d'une série de médias en ligne indépendants victimes de la censure.

RSF déplore "un acharnement contre les médias indépendants".

- Les 19 et 20 mai, quinze opposants sont condamnés à des peines de prison ferme.

- Le 12 juin, une vingtaine de personnes sont interpellées à Béjaïa (nord-est) lors d'une tentative de rassemblement en soutien aux prisonniers politiques. La plupart sont relâchées mais trois militants sont placés sous mandat de dépôt.

- Le 19, au moins 500 manifestants pro-"Hirak" sont interpellés, selon la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme. La plupart sont relâchés.

- Le 1er juillet, Tebboune gracie six détenus, dont trois liés au "Hirak". C'est la première fois que des militants du mouvement sont graciés par le président.

- Le 2, quatre figures de la contestation --Karim Tabbou, Amira Bouraoui, Samir Benlarbi et Slimane Hamitouche-- bénéficient d'une remise en liberté provisoire.

- Le 8, trois militants du "Hirak", dont un journaliste, arrêtés le 12 juin pour avoir participé à une manifestation interdite à Béjaïa, sont relaxés.

- Le 28 juillet, Moncef Aït Kaci, ex-correspondant de France 24, et le caméraman Ramdane Rahmouni sont placés en détention préventive, avant d'être libérés 24 heures plus tard.

- Le 24 août, le journaliste Abdelkrim Zeghileche, détenu depuis juin, est condamné à deux années de prison ferme pour "atteinte à l'unité nationale" et "outrage au chef de l'Etat".

"Sale temps pour les journalistes. Une lourde peine (...) qui allonge tristement la liste des journalistes emprisonnés", réagit le vice-président de la Ligue algérienne des droits de l'Homme, Saïd Salhi.

- Le 15 septembre, le journaliste Khaled Drareni est condamné en appel à deux ans de prison ferme, ce qui signifie qu'il reste en détention. Il avait été condamné le 10 août à trois ans d'emprisonnement pour "incitation à attroupement non armé" et "atteinte à l'unité nationale".

Deux figures du "Hirak", Samir Benlarbi et Slimane Hamitouche, sont condamnés à quatre mois de prison. Les ayant déjà purgés, ils ressortent libres de la cour d'Alger.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 15/09/2020 à 15h11, mis à jour le 15/09/2020 à 15h12