Procès en Algérie: "je ne suis pas corrompu, même Obama le sait!", clame Abdelmalek Sellal, cacique de Bouteflika

L'ancien Premier ministre Abdelamlack Sellal et l'ancien président américain Barack Obama.

L'ancien Premier ministre Abdelamlack Sellal et l'ancien président américain Barack Obama. . DR

Le 13/10/2020 à 08h32, mis à jour le 14/10/2020 à 16h43

Revue de presseAu procès de l'oligarque Ali Haddad à Alger, Abdelmalek Sellal, accusé de corruption, a fait rire l’assistance en se défendant comme il le pouvait. Il n'a pas trouvé mieux que de relater une rencontre avec Barack Obama, pour attester de sa probité. Ambiance.

A la barre, après 16 mois passés en prison, l'un des cadors du clan Bouteflika a clamé qu’il avait la conscience tranquille. Il en est toujours, a-t-il affirmé, à se demander «qu’est-ce qu[il] fait en prison». A Alger hier, lundi 12 octobre 2020, au second jour du procès en appel de l’oligarque Ali Haddad, ancien patron des patrons algériens, l'assistance dans la salle du tribunal de Sidi M'hamed a ainsi pu découvrir un nouvel aspect de la personnalité de Abdelmalek Sellal, ancien Premier ministre de Abdelaziz Bouteflika, et cacique de l'ex-régime. 

Dans ce procès, Sellal se retrouve sous le coup de plusieurs chefs d’accusations, dont des «malversations dans l’octroi d’importants marchés publics au groupe ETRHB Haddad», qui appartient à Ali Haddad, autre important membre du clan Bouteflika, dont le procès se poursuit actuellement. 

Condamné à 12 ans de prison ferme en première instance, il purge actuellement sa peine à la prison d'El Harrach, après avoir supplié ses juges et dûment pleuré en novembre 2019 lors de la proclamation de son verdict, clamant à qui mieux mieux son innocence, au cours d’une audience restée mémorable. Mais cette fois-ci, l’ancien Premier ministre a choisi de multiplier les déclarations insolites, qui ont provoqué des rires dans l’assistance, selon plusieurs médias algériens, dont Al Khabar.

Pour bien montrer qu’il est un homme clean, Abdelmalek Sellal n’a pas trouvé mieux que de raconter à la barre du tribunal une rencontre avec le prédécesseur de Donald Trump, l'ex-président américain Barack Obama, au cours d'une visite qu'il avait effectuée aux Etats-Unis alors que celui-ci était le locataire de la Maison Blanche. 

Devant les juges et l'assistance à Alger, l'ancien Premier ministre de Abdelaziz Bouteflika a voulu démontrer que sa probité était à toute épreuve. Il a donc raconté cette anecdote: l’ancien président américain lui aurait proposé un verre de vin, dans le bureau Ovale. Une invitation à laquelle Abdelmalek Sellal a opposé un refus. «Je me suis excusé et je lui ai dit que c’est haram. Mais après son insistance, je lui ai dit que je boirais volontiers ce verre, à condition de me donner une bombe atomique», a t-il déclaré. Poursuivant sur sa lancée, il a ajouté: «je vais bientôt avoir 73 ans, après avoir occupé plusieurs postes dans l’Etat, les gens me connaissent dans mon cœur. Tout le monde sait que je ne suis pas corrompu, et même Obama le sait».

Avec cette déclaration, où, dans l'esprit de Abdelmalek Sellal, le fait de trinquer au vin est bizarrement assimilé à un fait de corruption, l'ancien Premier ministre de Bouteflika a tenté de prouver son innocence, en essayant de démontrer qu’il était un homme à la probité irréprochable, puisqu'il ne buvait pas d'alcool. 

Alors que le lien qu'il fait entre le fait de consommer de l'alcool et celui d'être irréprochable n'est pas évident, l'ancien cador du désormais laminé clan Bouteflika ne s'est pas arrêté en si bon chemin. Toujours à la barre, devant une assistance hilare, Abdelmalek Sellal a tenté d'amadouer le régime actuellement en place, en faisant allusion au projet de réforme constitutionnelle, qui sera soumis à un référendum, et qui est largement rejeté par de nombreux citoyens algériens, alors que le régime compte le faire passer au forceps, le 1er novembre 2020.

Fidèle à sa réputation d'ex-serviteur zélé de l'Etat, Abdelmalek Sellal a ainsi expliqué qu'il ne manquait «de rien en prison. Enfin, presque rien! (…) Si ce n’est de la possibilité d’aller voter au prochain référendum sur la révision constitutionnelle le 1er novembre prochain, si j’en avais la possibilité, je serai le premier à aller voter». Son appel du pied au régime en place sera-t-il entendu? 

Par Karim Zeidane
Le 13/10/2020 à 08h32, mis à jour le 14/10/2020 à 16h43