C'est de plus en plus compliqué pour les finances publiques algériennes à cause des effes du Covid-19, de la baisse des cours du pétrole et de l'arrêt de la plupart des secteurs. La mesure la plus frappante est celle intervenue il y a tout juste huit jours, quand la direction du budget a décidé de suspendre le financement de programmes des projets sectoriels centralisés (PSC) et décentralisés (PSD), qui sont d'une importance capitale pour les 1451 communes du pays. Mais ce n'est que la partie visible de l'iceberg.
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Concrètement, cela prive les communes et surtout les entreprises de travaux publics algériennes d'un budget de 3,8 milliards d'euros, soit quelque 591 milliards de dinars. Il ne s'agit ni plus ni moins que d'une manière de les asphyxie. La situation est tellement grave que l'ensemble de la presse locale en parle, contrariant le gouvernement qui ne voulait pas que cette mesure, qu'il savait controversée, fasse couler beaucoup d'encre. C'est le site d'information Algérie Part qui a révélé le pot-aux-roses, avant que l'ensemble des médias ne s'emparet du sujet.
"Décidées plus tôt que certains devaient sans doute s’y attendre, ces mesures illustrent on ne peut plus clairement la conjoncture extrêmement difficile à laquelle fait face le pays. Une mauvaise passe, en réalité, que n’a fait qu’accentuer la crise sanitaire", tranche le quotidien Le Soir d'Alger.
"Cette mesure constitue l’illustration de le situation financière difficile que traverse le pays, une situation accentuée encore plus par le crise sanitaire. D’ailleurs, l’instruction de la direction de budget ne concerne pas les programmes d’équipement public, les secteurs de l’éducation et de le santé", analyse Algérie 360.
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Mais, la question qui se pose est de savoir si le gouvernement avait les moyens de faire autrement que d'avouer qu'il n'avait plus les moyens de couvrir les dépenses prévues dans le budget 2020. La réponse est assurément non, puisque c'est en réalité tout le pays qui est au bord de la ruine du fait de la baisse drastique des revenus du pétrole.
Dans la loi de finances 2020, aux prévisions déjà pessimistes, le ministère algérien des Finances s'était basé sur un prix du baril de pétrole de 50 dollars pour son Sahara Blend, et un cours sur le marché du baril de Brent de 60 dollars. Si les cours avaient été à ce niveau, le déficit budgétaire algérien allait être de 1977 milliards dinars, soit l'équivalent de 12,91 milliards d'euros. Il est inutile de se projeter sur le déficit réel en cette année finissant et où les cours du pétrole peinent à se maintenir autour des 45 dollars.
Le président Abdelmadjid Tebboune avait déjà prévenu en mai dernier que les caisses étaient vides et que le budget de fonctionnement prévisionnel de la loi de finances 2020 allait être réduit de 50% dans le cadre de la loi de finances complémentaire. Le fait que les nouveaux investissements prévus pour les communes soient gélés montre que la situation est catastrophique pour ce pays qui dépend des hydrocarbures à hauteur de 95% de ses exportations et 65 à 70% de ses revenus budgétaires. La question que se posent beaucoup d'Algérien est désormais de savoir quelles autres mesures de ce genre seront prises.