"À en croire nos sources, un hôpital d’Alger n’a pu réceptionner que 10 doses seulement pour vacciner le personnel soignant". Le décor que plante le quotidien algérien Liberté fait froid dans le dos et rèvèle, encore une fois, la désinvolture avec laquelle les autorités algériennes gèrent leur pays, y compris quand la vie des citoyens est en jeu. Les professionnels de santé eux se posent des questions inquiétantes: "Comment allons-nous faire pour vacciner les médecins et les infirmiers qui travaillent dans cet hôpital? Doit-on procéder à un tirage au sort?".
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Alors que son voisin marocain a réceptionné quelque 2,5 millions de doses et vaccine plus de 50.000 personnes par jour depuis vendredi 29 janvier dernier, l'Algérie n'a, en tout et pour tout, reçu que 100.000 doses de vaccin, dont 50.000 de Sputnik V russe et 50.000 autres de ChAdOx01 du britannique AstraZeneca.
Il y a donc bel et bien eu lancement d'une campagne de vaccination, mais les autorités algériennes sembent avoir oublier l'essentiel: la campagne proprement dite. Pour ce quotidien, "Maintenant que le défi du lancement de la vaccination contre le nouveau coronavirus est relevé dans les délais exigés par le chef de l’État, un autre pari vient s’imposer et s’annonce déjà difficile à tenir. C’est celui de la répartition équitable des quantités disponibles à travers les 8.000 centres désignés pour l’immunisation des Algériens contre la Covid-19".
Selon le journal, certes un plan vaccinal a été conçu, mais l'essentiel est clairment laissé de côté, à savoir l'acquisition de doses suffisantes, même si les autorités se dédouanent en affirmant que l'opération d'immunisation se déroulera sur toute l'année.
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"Des spécialistes en immunologie préviennent qu’il est quasiment impossible de lancer une véritable “offensive” vaccinale avec la quantité disponible, qui ne dépasse pas les 100 000 doses", souligne la même source avant de citer des immunologues. Ces derniers affirment que: “Par définition, si l’on veut réellement atteindre l’objectif d’une immunité collective dans les meilleurs délais, cette quantité livrée doit être multipliée par dix avant de procéder au lancement de l’opération. Pour espérer pouvoir protéger les plus vulnérables des Algériens, il faudra penser à vacciner près de 70% de la population”.
Or, 70% d'une population de 44 millions d'habitants, cela représente bien 31 millions de personnes. De plus, comme l'ensemble des vaccins anti-Covid nécessite une deuxième doses 21 jours après la première injection, autant dire que le pays n'est pas sorti de l'auberge.
En réalité, quand beaucoup de pays s'activaient pour passer commandes et jouer des coudes pour en avoir, les autorités algériennes affirmaient qu'elles ne transformeraient pas leurs citoyens en cobayes et qu'elles attendraient d'être certaines que les vaccins étaient efficaces. Cette situation est en partie la conséquence directe de ce choix. Mais, il y a aussi la situation financière du pays qui a vu ses réserves de changes s'effondrer au point de n'avoir presque plus de devises pour acheter des biens de première nécessité.
Evidemment, comme la plupart des pays africains, exception de quelqu'un d'entre eux, l'Algérie attendra le programme Covax de l'Organisation des Nations Unies pour être bien servie en vaccins. En d'autres termes, elle devra se contenter des restes pour passer à table.
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Au-dela de la disponibilité du vaccin, Liberté soulève une autre crainte que partagent bien des Algériens, c'est celle d'un système de santé où les passe-droits sont érigés en mode de gestion. "Comment va-t-on se déployer pour mener, dans “l’Algérie nouvelle”, cette opération d’envergure, loin des tracas du système de piston et de recommandations qui s’est érigé en règle dans le système de santé?", se demande le quotidien.
En tout cas, après le lancement comme l'avait promis le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, l'heure est désormais à l'inquiétude.