Depuis plusieurs jours, la tension monte à Ouargla entre les forces de l'ordre et les jeunes de la ville de Ouargla, située à 800 kilomètres au sud de la capitale algérienne. Après les affrontements du dimanche dont plusieurs vidéos ont été publiées sur les réseaux sociaux, hier mardi 9 février, la ville a connu des scènes d'émeutes, voire de guerillas urbaines, après que la police ait violemment réprimé un sit-in des chômeurs de Ouargla. C'est ce que rapportent la presse, mais également de nombreux témoins.
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"Le rassemblement hebdomadaire des jeunes chômeurs de Ouargla a été fortement réprimé par les forces de l’ordre, qui ont d’emblée empêché le regroupement en lançant l’assaut sur les manifestants, qui attendaient l’affluence des jeunes habitués à organiser un sit-in devant le portail latéral de la wilaya", écrit le quotidien El Watan sur son site internet.
Selon la même source, "plus tard dans l’après-midi, les forces antiémeutes ont réitéré leur intervention musclée à Mekhadma, quartier populaire périphérique de la ville où les chômeurs s’étaient repliés pour réorganiser leur 37e rassemblement successif".
Dans des vidéos diffusées à travers les réseaux sociaux, on peut apercevoir de nombreux barrages érigés à travers des artères de la ville qui se sont apparemment vidées de leur monde.
Il faut dire que les chômeurs de Ouargla, comme ceux de Ouenza qui menaçaient de se suicider collectivement, protestent régulièrement depuis plusieurs semaines. El Watan rapporte notamment que deux grandes manifestations ont été organisées les 12 et 31 janvier dernier, lors desquelles ils demandaient des clarifications sur les règles de recrutement dans les installations pétrolières. Ils soupçonnent que les quotas pour la main d'oeuvre locale ne soient pas respectés par la Sonatrach et ses filiales.
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Ils "promettent une nouvelle milyounia (marche d'un million de personnes, ndlr), à Hassi Messaoud cette fois-ci, pour interpeller le gouvernement sur leur situation, et s’insurger contre la répression d’une manifestation pacifique jusque-là tolérée par les autorités", écrit toujours la même source.
Estimant n'avoir "plus rien à perdre", les jeunes de Ouargla ne veulent rien lâcher et attendent que le gouvernement algérien leur apporte des réponses concrètes aux problèmes de la précarité et du manque d'emploi qu'ils vivent.
Il faut dire que la situation commence à être ingérable dans le pays où beaucoup de région connaissent des tensions avec une désobéissance civile, voire une défiance qui se généralise.
Chose inédite dans ces manifestations de dépit et de colère, samedi 6 février, le trafic ferroviaire en direction des villes de l’ouest du pays, à partir d’Alger a été bloqué momentanément. Quant aux perturbations et blocages des voies routières, elles se comptent par dizaines depuis que le pays est plongé dans la crise économique et financière. C'est devenu pratiquement une épidémie qui s'est propagée un peu partout dans le pays.
A moins de deux semaines de l'anniversaire du déclenchement du Hirak (le 22 février 2019), le régime algérien est sur le qui-vive, alors que les foyens de tensions vont sans doute se multiplier à cause des difficultés du gouvernement à répondre favorablement à la demande sociale. L'Algérie présente en effet des soldes budgétaire et extérieur déficitaires de plusieurs dizaines de milliards de dollars.