"Ce que nous avons documenté, c'est quelque chose de systématique, dans la répression", dénonce d'emblée Amna Guellali, directrice régionale adjointe d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. "C'est-à-dire qu'il y a une mobilisation de ressources pénales, sécuritaires et judiciaires importantes pour conduire la répression, en Algérie", ajoute-t-elle au micro de la Radio France Internationale (RFI). pour expliquer les conclusions de ce rapport qui pointe des violations graves en matière de droits de l'Homme et de liberté d'expression.
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Dans ce document publié ce lundi 22 février 2021, Amnesty International dresse un tableau sombre du bilan des deux ans du Hirak, en matière de respect des droits de l'Homme. Selon l'organisation international, les promesses faites par Abdelmadjid Tebboune, au moment de son accession au pouvoir, n'ont pas été tenues. Le dialogue annoncé avec les leaders du Hirak, la société civile ou encore avec les médias a été vite oublié pour laisser place à la répression.
"Les autorités ont continué à réprimer la dissidence et ont poursuivi des dizaines de manifestants", écrit Amnesty International
dans ce rapport lu par Radio France Internationale (RFI).
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Se basant sur les données collectées par le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), l'ONG rappelle que plus de 2.500 personnes ont été arrêtées depuis l'avènement du Hirak pour avoir simplement manifesté pacifiquement contre le régime algérien. Et parmi elles, 350 ont passé au moins une semaine en prison quand 75 sont toujours en prison,à ce jour.
"Depuis le début du mouvement, les autorités ont recouru à l’arrestation et à la détention arbitraires de manifestants pacifiques, de journalistes et de cybermilitants pour tenter de les intimider et de les dissuader", dénonce Amnesty International, évoquant au passage trois cas de torture et de mauvais traitements.
Le régime ne s'est pas contenté de réprimer les manifestants de manière ciblée, il a continué à les traquer jusque sur les réseaux sociaux, en criminalisant les publications qui critiquent le régime, en procédant à des arrestations ciblées de personnes influentes ou d'activistes.
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Ainsi, "après l’arrêt des grandes marches du Hirak au printemps 2020, le pouvoir algérien s’est attaqué aux contenus en ligne", pointe l’ONG, qui a documenté "le cas de 73 personnes, poursuivies ces cinq derniers mois, pour avoir publié, principalement via Facebook, des messages critiques envers les autorités", précise la même source.
Pourtant, ces messages "ne comportaient aucun appel à la violence ou à la haine", toujours selon Amnesty International. Cela n'a pas empêché la justice, que la presse locale qualifie de "justice du téléphone", d'être instrumentalisée et de condamner de pauvres innoncents à de très lourdes peines. C'est le cas notamment de Dalila Touat, une enseignante qui défend les travailleurs et les chômeurs de la petite ville de Mostaghanem. Au mois de janvier 2021, elle a été condamnée à 18 mois de prison ferme au terme d'un procès rocambolesque.
La répression touche également, la presse en ligne, puisque pas moins de 16 sites indépendants d'information ont été purement et simplement bloqués.
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Evidemment, le régime essaie de se racheter en libérant certains militants emblématiques de la libérté d'expression comme Khalid Drareni, correspondant de la chaîne française TV5 Monde, mais également Rachid Nekkaz ou encore Dalila Touat.
Néanmoins, ces mesures ne trompent personne à en croire Amna Guellali, car c'est un système complexe et solidement ancré dans le régime qui est à l'oeuvre. C'est ce qui explique la traque systématique, les arrestations ciblées et les poursuites incessantes en justice pour aboutir à de lourdes condamnations qui doivent servir de leçons aux Algériens qui seraient tentés de s'exprimer contre les dirigeants.