La colère monte d'un cran à Ouargla, après la condamnation à 7 ans de prison d'un militant originaire de cette région, située à 882 kilomètres au sud d'Alger, aux portes du désert du Sahara algérien.
Dans les vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, des jeunes sont filmés, faisant face aux forces de l'ordre, auxquelles ils lancent des projectiles: pierres et mobilier urbain. Et ce n'est pas tout: des dénotations ont été entendues, une bonne partie de la soirée d'hier.
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Les jeunes de Ouargla sont sortis manifester contre la condamnation de Ameur Guerrache, un blogueur, à une peine de 7 ans de prison ferme.
Il s'agit de l'une des figures locales les plus en vue de la constestation contre le régime. Selon Algérie Part, cet activiste "bénéficie d'une très forte audience dans la wilaya de Ouargla".
Arrêté le 2 juillet 2020, ce militant, très engagé pour la défense des droits des chômeurs de cette partie oubliée de l'Algérie a déjà passé 8 mois en prison.
Ses soutiens, comme les organisations des droits de l'Homme, pensaient qu'il allait être acquitté des charges qui pesaient contre lui. Le procureur de la République l'avait accusé "d'atteinte à l’unité nationale, offense à la personne du Président de la République et de participation à un mouvement politique séparatiste visant à inculquer des idées radicales et extrémistes aux jeunes de la wilaya d’Ouargla", rappelle Algérie Part.
Des accusations et une condamnation qui confirment la logique répressive du régime algérien, devant son incapacité à apporter des solutions concrètes pour une population désoeuvrée, en proie à la précarité et au chômage.
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Le seul tort d'Ameur Guerrache a été de dénoncer sans cesse, à travers des vidéos postées dans les réseaux sociaux, la situation que vivent les wilayas du sud, dont les habitants sont exclus de "tous les programmes de développement local".
Une exclusion qu'il a assimilée à du "racisme à l’égard des habitants du sud" de la part des caciques du régime. Sans faire dans la dentelle, le blogueur citait alors nommément des personnalités comme Abdelmadjid Tebboune et les membres de son gouvernement, tout en faisant allusion aux généraux qui se sont enrichis avec leurs familles sur le dos d'Algériens forcés de vivre dans la précarité.
Le problème, c'est que le régime est allergique à ces vérités crues, assénées aussi bien par le Hirak dans son ensemble, que par les leaders du mouvement de protestation. C'est d'ailleurs pour museler les Algériens que l'arsenal juridique répressif a été renforcé, avec plusieurs délits d'opinion qui font tomber la moindre critiques des dirigeants sur les réseaux sociaux sous le coup d'une "atteinte à la sûreté de l'Etat".
La condamnation d'Ameur Guerrache survient dans un contexte où le régime veut, plus que jamais, punir de façon exemplaire ceux qui seraient tentés de participer activement aux manifestations du Hirak, un mouvement populaire qui vient de reprendre vie la semaine dernière, à l'occasion de son deuxième anniversaire.
Mais au vu de la violences des affrontements entre les jeunes et les forces de l'ordre, c'est déjà peine perdue. En effet, jusque tard dans la nuit, les jets de pierres et les tirs de balles en caoutchouc se sont poursuivis, prouvant que l'attitude répressive du régime face à une demande sociale légitime ne mènera que vers une radicalisation du Hirak.