Algérie: un journaliste touareg en prison pour avoir couvert une manifestation à Tamanrasset

Le journaliste du quotidien "Liberté", Rabah Kareche.

Le journaliste du quotidien Liberté", Rabah Kareche. . DR

Le 21/04/2021 à 09h31, mis à jour le 21/04/2021 à 09h32

Selon le quotidien "Liberté", Rabah Kareche, son correspondant à Tamanrasset, a été arrêté, placé en garde à vue, avant d'être incarcéré sous mandat de dépôt hier, lundi 19 avril 2021. Son principal tort est d'avoir couvert une manifestation organisée par la communauté touareg dont il fait partie.

En Algérie, le métier de journaliste est plutôt dangereux et peut souvent mener en prison. Dernière illustration en date, Rabah Kareche, correspondant du quotidien Liberté à Tamarasset, qui a fait les frais de l'usage de la liberté de la presse que lui confèrent la Constitution et les lois algériennes.

Ainsi, depuis hier lundi, il est placé sous mandat de dépôt par le juge du tribunal de cette ville située aux confins du Sahara, non loin de la frontière avec le Niger. Il avait été arrêté dimanche et son inculpation a rapidement suivie pour "publication d’informations ayant pour but racisme et haine dans la société", "publication et diffusion au public de fausses informations pouvant porter atteinte à la sécurité et à l'ordre public, travailler avec n’importe quel moyen pour atteinte à l’unité nationale en dehors des articles 77 et 78 du Code pénal".

Derrière l'évocation de ce classique arsenal juridique répressif, il n'y a que de banals faits relevant de l'exercice courant de la profession de journaliste. En effet, le journal Liberté note que "la convocation du journaliste Rabah Kareche, hier, par les services de police, intervient après la publication dans l’édition du dimanche 18 avril, d’un article sur une manifestation contre le nouveau découpage administratif".

Dans son article intitulé "l’Ahaggar, la bataille des territoires" relatant les faits, Kareche avait notamment rapporté la "colère des Touareg de Tamanrasset qui ont protesté par une marche contre le nouveau découpage administratif induit par la création de 10 nouvelles wilayas dans le sud du pays".

En réalité, le régime algérien est allergique à toute manifestation, dans ce contexte de reprise des celles du Hirak et de grave crise économique et sociale.

Par Djamel Boutebour
Le 21/04/2021 à 09h31, mis à jour le 21/04/2021 à 09h32