Algérie: quand les barons font grimper les prix de manière inquiétante

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Le 10/03/2017 à 15h11, mis à jour le 10/03/2017 à 15h48

Les Algériens ne savent plus comment joindre les deux bouts face à l'inflation des prix des produits alimentaires. Plusieurs facteurs sont à l'origine de cette flambée. Toutefois, le rôle des barons dans cette hausse généralisée des prix est particulièrement pointé du doigt.

Incroyable mais vrai. Le kilo d’ail importé coûte 1.800 dinars algériens, soit environ 16,36 dollars, celui de la banane 800 dinars, soit 7,27 dollars, et la liste des produits alimentaires dont les prix ont flambé est très longue. A titre d’exemple, au Maroc, le kilo d’ail se négocie autour de 3,5 dollars et celui de la banane à moins de 1,5 dollars! C’est dire combien le différentiel de prix entre les deux pays est énorme.

Et cette hausse ne touche pas uniquement les produits importés dont la qualité est jugée meilleure. Même les légumes de saison cultivés localement sont frappés par cette hausse vertigineuse des prix. A titre d’illustration, le kilo des petits pois se vend à 140 dinars, soit 1,27 dollars.

La même situation est observée au niveau des fruits avec la poire à 550 dinars, la banane à 800 dinars, le kiwi à 1.000 dinars le kilo.

Face à cette flambée des prix, de nombreuses familles algériennes sont obligées de réduire leur consommation en fruits et légumes.

Plusieurs facteurs expliquent cette situation. D’abord, il y a le fait que l’Algérie dépend des importations de plusieurs produits agricoles pour nourrir sa population. Malgré les conditions climatiques favorables, le pays a délaissé l’agriculture à la faveur de la rente pétrolière et de l’industrie chimique lourde. 

Ensuite, la production locale est encore beaucoup trop faible. Bien qu'encouragée au cours de ces dernières années avec la mise en place de quotas et même d'interdictions d’importations pour la soutenir, cette production reste encore trop peu importante. Elle n’a aucun impact réel sur le prix des produits agricoles eux-mêmes dictés par le prix des denrées importées qui comprennent les droits de douane et autres taxes qui les rendent particulièreent élevés. A titre d'exemple, «l’ail local, qui vient de faire son entrée sur le marché, est proposé à 300 dinars le kilo, mais les quantités restent insuffisantes pour rééquilibrer le marché», souligne le site tsa-algérie.com. Et le blocage des importations crée une rareté qui entretient la flambée des prix. Du coup, malgré un différentiel de prix important, le produit local n’arrive pas à tirer les prix vers le bas. C’est le cas également des haricots verts dont les prix ont flambé à cause de la rareté du produit local.

En outre, face à la crise, le gouvernement algérien, à la recherche de ressources pour pallier la chute des recettes pétrolières, a augmenté la TVA sur de nombreux produits, dont les produits agroalimentaires. Cela a contribué à la hausse des prix.

Par ailleurs, la fermeture de la frontière avec le Maroc empêche le pays de bénéficier des excédents de ce pays agricole pour satisfaire une partie de sa demande intérieure à des coûts plus abordables.

Enfin, et c'est l'un des facteurs clé de cette flambée des prix, il y a le rôle néfaste des barons, ces puissants spéculateurs bien protégés. Ceux-ci seraient pour une grande part à l’origine de la flambée des prix en créant des situations de rareté au niveau du marché. Selon algériele360.com, «en l’absence de l’autorité de l’Etat, les barons du marché des fruits et légumes ont décidé de s’attaquer à la pomme de terre. Ils retiennent des tonnes de pommes de terre, stockées dans des chambres froides, pour alimenter le marché au compte-goutte», explique le site. «Ce sont ces barons qui ont décidé de faire augmenter le prix de la banane de 100 dinars pour atteindre les 1.000 dinars. Idem pour l’ail qui est un produit de large consommation et dont les prix ne sont plus abordables».

Et pour le site d’information, ces barons qui peuvent augmenter les prix de n’importe quel produit «font partie de la mafia politico-financière qui veut affamer les Algériens».

Bref, cette flambée des prix ne s’explique en fin de compte que par la faillite de l’Etat à remplir convenablement son rôle régalien. Mais comment peut-il le faire dans le cadre d’une collision claire entre pouvoir, gros commerçants-spéculateurs et dirigeants de l’armée? Reste que c’est le peuple qui trinque de ces hausses généralisées des prix qui réduisent de jour en jour son maigre pouvoir d’achat.

Par Karim Zeidane
Le 10/03/2017 à 15h11, mis à jour le 10/03/2017 à 15h48