Algérie: détresse des harragas algériens détenus en Espagne et abandonnés par leur pays

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Le 10/12/2017 à 11h35, mis à jour le 10/12/2017 à 11h38

Des certaines de migrants algériens interceptés en octobre à Murcie, en Espagne, sont toujours incarcérés dans la prison d’Archidona. Si des ONG espagnoles haussent le ton sur leur sort, L’Etat algérien, pour une raison ou pour une autre, préfère fermer les yeux face à la détresse de ces jeunes.

De plus en plus d’Algériens quittent leur pays sur des barques, au péril de leur vie, à la recherche d’une vie meilleure, poussés par le désespoir et la crise économique qui accroît sensiblement le nombre de chômeurs. Selon France inter, «le nombre de migrants venus d’Algérie par la mer a quasiment triplé! De janvier à octobre 13.533 migrants, Algériens et subsahariens confondus, ont débarqué sur les côte espagnoles». Majoritairement Algériens, ces migrants ont des profils particuliers en ce sens que ceux-ci quittent leur pays «souvent avec beaucoup d’argent sur eux et des papiers! Bref, les enfants de la classe moyenne!».

Sans passeport, ni visa, ces «Harragas», à l’instar des damnés subsahariens qui franchissent la Méditerranéen, sont poussés par la crise, le chômage et l’illusion d’un eldorado européen à quelques kilomètres des côtes algériennes.

Seulement, à l’arrivée des côtes espagnoles, c’est souvent le désespoir pour ces jeunes. C’est le cas notamment d’environ 500 harragas algériens interceptés en octobre dernier dans la région de Murcie et qui sont depuis incarcérés dans la prison d’Archidona, près de Malaga. Selon le ministre espagnol de l’Intérieur, Juan Ignacio Zoido, faute de place dans un centre de rétention, «doté de moyens sanitaires, des douches, du chauffage, des lits, des salles de sport», l’Etat espagnol a été obligé de placer ces innocents en prison.

Une manière pour le gouvernement espagnol de décourager certainement de nouveaux migrants à tenter l’aventure, mais aussi et surtout mettre la pression sur le gouvernement algérien accusé de baisser la garde face à l’émigration de sa jeunesse au cours de ces dernières années.

Il faut dire que, face à une crise aigue que traverse le pays, dans le sillage de la chute des cours du pétrole, dont les recettes pèsent plus de 95% des ressources tirées des exportations du pays, et afin d’atténuer la pression d’une jeunesse, mal formée pour occuper les postes disponibles au niveau des secteurs d’agriculture ou des BTP, le gouvernement algérien atténue sa vigilance face au phénomène tout en mettant la pression sur les subsahariens pour donner un semblant de vigilance face à l’émigration vers l’Europe.

Face à la détresse de paisibles migrants, le gouvernement algérien, pourtant adepte de la défense des causes indéfendables, préfère fermer les yeux et faire la sourde oreille. Seule la presse algérienne s’en émeut. C'est le cas d'Algérie-focus.com qui explique «qu’abandonnés par les autorités algériennes 500 d’entre eux risquent de mourir dans une prison en Espagne».

Cet abandon s’explique certainement par la gêne. D’après les espagnols, ce silence s’explique certainement par le fait que «les autorités algériennes sont dans le déni. Elles expliquent que l’Algérie est un pays riche (pétrole et gaz) et que donc ses citoyens n’ont aucune raison de prendre le large comme de vulgaire subsaharien!».

Seules les ONG espagnoles, dont Malaga Acoce et le Service jésuite aux migrants, haussent la voix pour dénoncer ce scandale estimant que cette décision viole «des droits et garanties constitutionnels» des migrants en «criminalisant injustement des personnes qui n’ont commis qu’une infraction administrative». De nombreuses ONG espagnoles manifestent devant la prison pour exiger la libération des harragas algériens qui subissent, selon ces organisations, de la maltraitance de la part des gardiens de la prison.

Le gouvernement algérien, non seulement n’essaye pas de libérer ces jeunes innocents emprisonnés, mais fait fi des pressions des familles de ses migrants emprisonnés qui souhaitent le rapatriement de leurs enfants.

Seulement, du côté des autorités algériennes, une telle mesure risque de pousser d’autres pays à suivre l’exemple espagnol et donc rapatrier les nombreux migrants algériens qui quittent leur pays au cours de ces dernières années. En effet, l’Espagne n’est pas le seul pays qui fait face à l’afflux des migrants algériens. L’Italie également compte de nombreux algériens dans ses centres de rétention. Du coup, on préfère laisser ces migrants à leur sort.

Par Moussa Diop
Le 10/12/2017 à 11h35, mis à jour le 10/12/2017 à 11h38