La saisie de la cargaison de 701 kg de cocaïne emballée dans de la «viande halal» en provenance du Brésil à bord du bateau MC Vega Mercury battant pavillon libérien continue de provoquer des remous en Algérie. Il faut dire que cette cargaison dont la valeur est estimée à plus de 240 millions de dollars a été découverte à un moment où la lutte des clans au sommet de l’Etat et de l’armée algérienne était à son apogée .
Le fait-divers aux multiples zones d’ombre a tout de suite pris la dimension d'une affaire d'Etat avec son lot de limogeages et de nominations d'hommes jugés plus proches des dirigeants, en remplacement des personnes remerciées.
Ainsi, après le limogeage du chef de la police algérienne, le général-major Abdelghani Hamel, du chef suprême de la Gendarmerie algérienne, le général-major Menad Nouba, et du chef de la sûreté d’Alger, Noureddine Berrachedi, d’autres sanctions devraient tomber au niveau des sécuritaires.
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Mais les sécuritaires ne seront pas les seuls à faire les frais d’une enquête confiée dès le départ à l’armée et non à la police. La justice aussi est touchée de plein fouet par cette affaire. Le Conseil supérieur de la magistrature algérienne qui s’est réuni en session disciplinaire a eu la main lourde. Sur 13 dossiers saisis, 6 magistrats ont été révoqués. Parmi ceux-ci figurent le procureur de Boudouaou et son adjoint dans la wilaya de Boumerdès, mis en cause dans cette affaire de cocaïne pour laquelle plus de 200 personnes ont été entendues par les juges.
Ces six magistrats ont tous des liens avec le principal accusé de cette affaire: Kamel Chikhi, l’importateur de la viande dans laquelle était dissimulée la cocaïne. Ils ont été trahis par des vidéos enregistrées à leur insu et retrouvées lors des perquisitions au domicile et dans les bureaux de Chikhi. Celles-ci montrent l’ampleur de la corruption et du trafic relatif aux promotions immobilières.
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Reste que des zones d’ombre subsistent dans cette affaire confiée aux investigations des forces armées.
Pour nombre d’observateurs algériens, ces révocations au niveau du corps sécuritaire et judiciaire sont aussi et surtout le résultat d’une guerre de clans que se livrent différentes parties du pouvoir algérien à l’approche de l’élection présidentielle. Certains cercles souhaitent -nul ne l'ignore- que le président Bouteflika brigue un nouveau mandat pour assurer la continuité du système en vigueur depuis plusieurs décennies.