Le cheptel algérien est gravement atteint, depuis quelques semaines, par deux épidémies: la peste des petits ruminants et la fièvre aphteuse.
Ces deux maladies mettent les éleveurs, et tout particulièrement ceux détenant de petits troupeaux, dans une situation de désarroi total.
Et la réponse sanitaire que devrait apporter l’Etat, qui devrait pourtant être diligente, tarde à venir, comme c'est d'ailleurs souvent le cas.
En conséquence, peste et fièvre aphteuse se propagent très rapidement, avec leur lot de milliers d’ovins et de bovins morts.
Ainsi, selon l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), on compte plus de 87 foyers de fièvre aphteuse déclarés en Algérie, depuis fin juin 2018.
Les autorités algériennes, comme c'est d'ailleurs souvent le cas, ont tendance à minimiser la situation, et annoncent, de leur côté, seulement 34 foyers déclarés.
Il faut dire que la fièvre aphteuse, qui touche les bovins, qui est devenue fréquente en Algérie.
Au cours de ces dernières années, cette maladie a durement frappé le cheptel algérien.
En septembre dernier, Bendenia Saada, directeur de l’Espace vétérinaire algérien, annonçait, en marge du Premier espace vétérinaire maghrébin, que cette épidémie avait décimé le tiers du cheptel bovin au cours des quatre dernières années.
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Quant à l'autre épidémie, qui touche cette fois-ci les ovins, la situation est beaucoup plus inquiétante. Et face à la peste des petits ruminants, qui est apparue en 2018 pour la première fois en Algérie, les autorités ont été totalement prises au dépourvu et ont grandement tardé à réagir, alors que la maladie s'est entre-temps grandement propagée: elle touche désormais 13 régions du pays.
Cette situation est d’autant plus inquiétante que le cheptel ovin concerné par cette maladie virale hautement contagieuse est autrement plus important que le cheptel bovin, touché quant à lui par l'épidémie de fièvre aphteuse.
Sous-estimant très certainement l'étendue de l'épidémie, les autorités algériennes avancent quelques milliers de cas, alors que le cheptel ovin algérien est estimé à 22 millions de têtes.
Mais de fait, les pertes sont encore mal connues, en l'absence de chiffres cohérents communiqués par les autorités sanitaires algériennes.
En conséquence, devant le retard d'une réponse concrète et rapide de ces autorités, des millions de petits ruminants sont aujourd'hui menacés.
Face à l'urgence de cette situation, le ministre algérien de l’Agriculture, du développement rural et de la pêche, Abdelkader Bouazghi, a déclaré hier, jeudi 10 janvier, que «les premiers lots de vaccins contre la peste des petits ruminants seront disponibles d’ici à la fin du mois de janvier».
Les autorités algériennes ont annoncé avoir débloqué un budget de 400 millions de dinars pour l’acquisition de ce vaccin.
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En attendant le vaccin, des mesures préventives ont été lancées, dont la fermeture des marchés à bétails, l’interdiction du déplacement des troupeaux, notamment dans les zones frontalières, le renforcement des contrôles vétérinaires, etc.
Il n’en demeure pas moins que la maladie se propage rapidement, au grand désarroi des petits éleveurs qui voient leur troupeau se décimer. Les décès d'ovins se comptent en effet par milliers.
La peste des petits ruminants se propage par contact étroit entre animaux, notamment par inhalation de fines gouttelettes libérées dans l’air par la toux et les éternuements des moutons et chèvres.
Cette situation inquiète grandement le porte-parole du syndicat des vétérinaires algériens, Najib Dahmane, qui, dans une déclaration à la presse algérienne, soulignait qu’en cas de retard prolongé du vaccin, «plus de 8 millions de têtes d’ovins seront décimées».
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Si la peste des petits ruminants n’est pas dangereuse pour l’homme, les conséquences de ces deux épidémies peuvent être catastrophiques pour l’économie algérienne et la population vivant en zone rurale.
Outre le fait qu’elles peuvent décimer une partie importante du cheptel en cas de retard de la réponse des autorités, les pertes occasionnées par ces deux épidémies risquent d'avoir de fortes répercussions, significatives sur les éleveurs ruraux qui ont perdu (ou perdront) leur cheptel, bien souvent leur unique source de revenus.