Algérie: trois personnes tuées par la police à Relizane, le film de la bavure

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Le 20/09/2019 à 09h06, mis à jour le 21/09/2019 à 16h55

Trois personnes ont été tuées par la police dont deux à balles réelles lors d’affrontements dans la nuit du mercredi 18 au jeudi 19 septembre dans la wilaya de Relizane, en Algérie. Les forces de l'ordre algériennes, qui ont les nerfs à fleur de peau, évitent de parler de bavure.

Des émeutes sont survenues avant-hier, dans la nuit de mercredi 18 à jeudi 19 septembre dans la ville algérienne de Oued R’hiou, située dans la wilaya de Relizane. Ces violents affrontements ayant fait deux morts par balles, ont été déclenché après qu’un adolescent âgé de 15 ans à bord d’un deux-roues, a perdu la vie dans une course poursuite avec le véhicule d'un agent de police. 

En effet, le jeune Mohamed Amine Serrar, a bord d’une motocyclette de type 103, était accompagné de Fathi Belmehdi, tout deux habitants le quartier Ouamria.

Les éléments des forces de police menant cette course-poursuite ont percuté vers 21h50 la motocyclette par derrière, causant la mort de Serrar Amine, âgé de 15 ans. Les policiers étaient à bord du véhicule privé d'un des agents. 

Serrar Amine, la victime, d’après le quotidien algérien Al Khabar, était vendeur de fruits et légumes au marché du quartier. Fethi Belmehdi âgé de 24 ans, a de son côté été grièvement blessé au niveau de la tête. Il est en ce moment à l’hôpital Ahmed Francis, plongé dans un coma profond. 

Le procureur général de Oued R’hiou a qualifié ce qui ressemble de simple "accident de la circulation". Une manière pour lui de dédouaner l'agent responsable. 

Dans sa version des faits, la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) cherche également à innocenter leur collègue. 

"Des émeutes ont éclaté durant la nuit et plusieurs individus se sont attroupés, entrainant la fermeture de la voie publique, en utilisant des blocs de pierres et de troncs d’arbres, incendie d'outils en plastique, saccage de structures publiques et privées, caillassage sur la force publique et tentative d'intrusion dans le siège de sûreté de la Daïra de Oued Rhiou, pour mettre la main sur le fonctionnaire de police à l'origine de l'accident", affirme-t-elle.

Rien n'a été dit concernant l'éventuelle arrestation de l'agent de police, alors plusieurs témoins mettent en doute la thèse de l'accident que tentent de défendre les autorités. 

De plus, la mort des deux dernières victimes a été provoquées par des balles réelles tirées contre les jeunes qui manifestaient leur colère. Toujours selon les habitants, à aucun moment, l'intégrité physique des agents de police n'a été menacée.

L'usage des armes à feu n'était donc pas justifié. D'autant que les forces de l'ordre avaient largement le temps de faire appel à des renforts venant d'Alger quand elles ont vu que la situation était en train de basculer. 

Cette nouvelle bavure prouve que les autorités algériennes ont les nerfs à fleur de peau, à cause de la situation politique et sociale qui règne dans le pays depuis février. D'autres incidents aussi graves peuvent arriver à tout moment, notamment après les nouvelles directives de Ahmed Gaïd Salah qui veut barrer la route aux manifestants, quoi qu'il lui en coûte. 

Par Karim Ben Amar
Le 20/09/2019 à 09h06, mis à jour le 21/09/2019 à 16h55