L’immigration clandestine des Algériens prend une ampleur inquiétante. Selon les données du Haut commissariat aux refugiés, de janvier à avril dernier, ce sont plus de 9.500 Algériens qui ont atteint les côtes européennes, notamment celles de l’Espagne et de l’Italie, les deux principales destinations des migrants venant de l’Algérie. A titre de comparaison, selon les autorités espagnoles, 10.930 migrants clandestins sont arrivés sur le sol espagnol en 2020, contre 3.559 en 2019. Après avoir triplé en 2020, par rapport à 2019, on s’achemine vers une explosion du nombre de migrants clandestins au titre de 2021.
Et la situation semble même connaître une certaine accélération depuis le début du mois d’août. En effet, le 9 mai dernier, 30 embarcations clandestines, en provenance de l’Algérie, ont été arraisonnées par la Guardia espagnole. La décrue de la pandémie du Covid-19 en Europe, notamment en Espagne et en Italie pourrait accélérer le phénomène.
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Et selon les données de l’agence européenne Frontex portant sur 1.234 arrivées enregistrées en Espagne en février dernier, les Algériens représentent 71% du nombre total des traversées enregistrées durant la période, devant les Marocains, beaucoup plus proches pourtant, qui représentant 29% de ces migrants.
Et les experts espagnols affichent leurs craintes pour les mois à venir. Selon Ruben Pulido, expert espagnole des questions migratoires, «les prévisions pour les mois à venir sont désastreuses et pourraient nous placer face à la pire vague d’immigration clandestine de ces 10 dernières années».
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Les migrants algériens prennent le large à bord d’embarcations de fortune à partir d’Oran, Tenes, Mostaganem, Aïn Temouchent et Tlemcen. La migration clandestine est le fait de puissants réseaux mafieux organisés qui exploitent la misère des jeunes algériens.
Plusieurs jeunes migrants traversent la Méditerranée, souvent au péril de leur vie, dans des embarcations de fortune en déboursant chacun autour de 300.000 dinars algériens, soit environ 1.850 euros. Agés entre 18 et 40 ans, tous fuient la misère, le chômage, la pauvreté et aspirent à un avenir meilleur et de liberté. Les plus fortunés d’entre eux, à défaut de trouver un visa pour rejoindre l’Europe, embarquent sur les «glisseurs», des zodiacs ultra rapides et arrivent à rejoindre les côtes espagnoles en 5 heures, moyennant 5.000 euros la place.
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En clair, il s’agit d’un business très lucratif pour les réseaux mafieux. D’ailleurs, certains Tunisiens, qui étaient très actifs sur le marché tunisien, ont rejoint l’Algérie où ils opèrent avec d’autres Algériens, contribuant à dynamiser, avec la complicité de certaines autorités, ce trafic qui se nourrit aujourd’hui de la conjoncture difficile que traversent les Algériens. Celle-ci pousse les familles à encourager leurs enfants à tenter l’aventure en espérant un avenir meilleur pour eux face à l’incertitude et aux perspectives sombres qui prévalent actuellement en Algérie.