Au Niger, le manque d’intérêt des jeunes pour la lecture inquiète

Le360/ Aboubacar Sarki.

Le 01/01/2022 à 08h10, mis à jour le 01/01/2022 à 08h13

Au Niger, des citoyens et élèves interrogés disent n’avoir pratiquement pas lu de livre cette année 2021. Et pour ceux qui l’ont fait, certains y ont été contraints pour des raisons académiques. Il n’est un secret pour personne, la culture de la lecture a pris un coup depuis plusieurs décennies.

C'est un manque d'intérêt patent pour la lecture au Niger. A Cela vient s’ajouter l’arrivée des réseaux sociaux et le manque d’espaces publics dédiés à la lecture. Un tour dans une bibliothèque du lycée Issa Korombé, un établissement de la place, permet de faire ce constat.

«Dès la rentrée scolaire, les élèves doivent venir à la bibliothèques pour lire des livres et des romans pour bien s’exprimer en français. Mais ce n’est pas trop le cas ici. Il y a des élèves qui ne savent même pas ce qui se passe ici», affirme Ibrahim Hadiza, responsable de la bibliothécaire dans cet établissement.

Tous sont unanimes sur l’impact de la lecture sur le niveau des élèves au primaire et plus loin au secondaire et au supérieur. Le gouvernement nigérien a décidé d'exiger le diplôme de baccalauréat pour l’entrée dans les écoles normales du pays cette année 2021. Avec pour objectif de relever le niveau de formation des enseignants qui y seront formés. Cette réforme part du constat du faible niveau observé des enseignants et par ricochet celui des élèves, donc ils ont la charge.

A l’Université Abdou Moumouni de Niamey, un tour à la bibliothèque Abdou Saguir permet de faire le constat du manque alarmant de livres. Ici, la demande est forte de la part des étudiants, mais les moyens de les satisfaire sont tributaires de la volonté politique et de la situation économique du pays.

«Dans cette bibliothèque, il y a un manque avéré de livres en particulier les ouvrages africains. Pas plus tard qu’hier des camarades sont venus nous demander des ouvrages dans le domaine de l’économie, des sciences sociales et même de l’anthropologie», selon Adamou Tini Hama, étudiant à la faculté des lettres de l’Université Abdou Moumouni de Niamey.

Pour bon nombre d’observateurs, la lecture doit être initiée dès le bas âge chez les enfants. Aussi certains estiment que les contenus des livres ont beaucoup changé et qu’ils ne sont plus assez attractifs et diversifiés.

«Les jeunes ne s’intéressent pas à la lecture parce qu’ils n’ont pas le niveau de pourvoir lire et comprendre le contenu des livres. De nos jours les contenus des livres ne sont plus les mêmes qu'avant. Il faut que les écrivains fassent des contenus très riches qui répondent à la préoccupation de ceux-là qui sont intéressés à la lecture», rappelle Abass Djibo, syndicaliste du secteur de l’education.

Les plus importantes des bibliothèques du pays sont celles des centres culturels franco-nigériens. Ouvertes en permanence, elles sont destinées aux élèves, étudiants et aux fonctionnaires des villes de Niamey et de Zinder. Elles sont pratiquement les seules bien pourvues en documents.

Par Aboubacar Sarki (Niamey, correspondance)
Le 01/01/2022 à 08h10, mis à jour le 01/01/2022 à 08h13