Sébastien Ajavon a finalement été libéré au terme d’une détention kafkaïenne. Celui qui est surnommé "roi du poulet" avait été accusé de trafic de drogue par les gendarmes en début de semaine dernière. Sa garde à vue a duré 5 bonnes nuits, et a pris fin le vendredi. Le tribunal de Cotonou a décidé de sa relaxe après 10 heures de débat. "Les preuves contre lui étaient insuffisantes", ce qui lui a fait "bénéficier du doute", souligne-t-on auprès de la justice béninoise.
Aujourd’hui, les Béninois se posent tous la même question. Qui a bien pu placer 17,625 kg de cocaïne entre 2600 cartons de gésiers de dinde surgelés dans l’un des conteneurs en provenance du Brésil et destinés à l’homme d’affaires ? Cette affaire nuit à la crédibilité de la gendarmerie béninoise, voire des plus hautes autorités du pays. Car, beaucoup pensent qu’elle a été montée de toutes pièces pour faire tomber, celui qui le leader de l’agro-alimentaire, mais qui est également à la tête du patronat.
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Quoi qu’il en soit, la première question en pose bien d’autres. Voulait-on se débarrasser d’un rival politique ? Ou bien est-ce un complot ourdi par un concurrent pour le faire tomber ? Car, Sébastien Ajavon est arrivé 3e lors de la dernière élection présidentielle. Le président Patrice Talon doit d’ailleurs sa victoire au second tour au soutien de l’homme d’affaires.
Selon Jeune Afrique, "c’est un service de renseignements d’un pays européen, avec lequel le Bénin a récemment signé des accords de coopération en la matière, qui a transmis à la Direction des services de liaison et de la documentation (DSLD, le service de renseignements de la présidence) «une information très précise» concernant cette cargaison". L’hebdomadaire qui tiendrait l’information d’une source proche de la présidence ajoute que Pamphile Zomahoun, chef du service de renseignements en question, "en a informé le président, Patrice Talon, le 27 octobre en début de soirée".
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Le président béninois aurait alors dégagé sa responsabilité en affirmant que même s’ils sont partenaires politiques chacun s’occupe de ses affaires. Sauf que Zomahoun qui est issu du corps de la gendarmerie a commis un premier impair. Au lieu de s’adresser à l’Office central de répression du trafic illicite de drogues (Ocertid), il a préféré confier la saisie aux gendarmes, selon la version officielle. C’est pourquoi, après avoir ouvert le conteneur, l’Ocertid a catégoriquement refusé de prendre en charge le dossier. Ce couac fait partie de ce qui a fragilisé le dossier. De plus, un conteneur dont les scellés ont été préalablement enlevés ne permet pas d’accuser ni Ajavon ni ses trois autres employés avec des preuves formelles. Ce dossier a visiblement été géré avec beaucoup d’amateurisme.
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