Après six mois de tension, l'heure est au réchauffement. Les livraisons de produits pétroliers par l'Arabie Saoudite à l'Egypte, suspendues depuis le mois d'octobre 2016, redémarrent. Le ministre égyptien du Pétrole affirmait, le 15 mars dernier attendre la reprise imminente des livraisons de produits pétroliers par la compagnie Aramco d'ici la fin du mois de mars ou au plus tard début avril. Depuis, l'Egypte a déjà reçu ses deux premières livraisons dimanche 19 mars.
Selon le ministre, les deux pays étaient en train de travailler sur un calendrier de livraison, rapportait le Financial Times daté du 16 mars. Le journal s'adressait alors à plusieurs analystes pour expliquer le pourquoi du rapprochement.
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C'est en avril 2016 que les deux géants du Moyen-Orient ont convenu d'une livraison de 700.000 tonnes de produits pétroliers par mois, pour un contrat de 23 milliards de dollars. Mais les divergences sur la question de la Syrie avaient mené les deux pays au bord de la rupture. En octobre, l'Egypte a voté en faveur d'une résolution déposée par la Russie, alors que même le Sénégal, membre non permanent du Conseil de sécurité, s'y était opposé.
C'est suite à cet épisode que brusquement les livraisons ont été suspendues. La presse proche de Riyad et du Caire avait fait état de vives tensions entre les deux capitales, même si, au niveau officiel, chacun essayait tant bien que mal de minimiser les malentendus.
Selon les observateurs, l'élection de Donald Trump a beaucoup joué dans la décantation de la situation. En effet, Trump considère aussi bien l'Egypte que l'Arabie Saoudite comme de véritables alliés dans la région du Moyen-Orient et notamment concernant la lutte contre le groupe Etat islamique.
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L'Arabie Saoudite est quant à elle préoccupée par la constitution d'une coalition sunnite contre l'Iran, les pays chiites et les mouvements chiites. Riyad croit fermement à la possibilité de consolider l'axe avec Le Caire.
"Compte tenu de la politique de Trump et de la stratégie saoudienne visant à contrer l'Iran, nous assistons au retour d'une politique consistant à passer l'éponge", affirme Abdullah Alshammri, ancien diplomate saoudien. "La politique de Riyad face à l'Egypte relève du sauve-qui-peut lié à l'urgence de la situation", ajoute Ziad Aki, analyste au quotidien Al Ahram. "Car il est temps de se concentrer uniquement sur l'Iran et nous avons besoin du Caire". Selon lui, aucun des deux pays ne peut se permettre de faire durer les tensions diplomatiques.