Depuis la décision du gouvernement de laisser flotter la livre locale en novembre 2016, l’inflation qui a gagné l’Egypte ne faiblit pas. Au contraire, elle tend à croitre au fur et à mesure que le gouvernement met en place certaines mesures convenues avec le Fonds monétaire international (FMI).
Ainsi, l’inflation sous-jacente, qui supprime l’impact des articles dont les prix sont très volatils comme les aliments, a augmenté de 31,95% en glissement annuel en juin dernier, contre 30,57% en mai, selon la Banque centrale égyptienne.
Cette inflation prend sa source dans la hausse des prix des produits importés induite par la forte dépréciation de la livre égyptienne par rapport aux devises étrangères (dollar, euro, livre sterling, yen, etc.). Ce qui s’est traduit rapidement par un renchérissement des prix des produits importés.
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En plus de l’inflation importée, et afin de disposer d’un soutien financier du FMI de 12 milliards de dollars, l’institution financière avait obligé l’Egypte à éliminer ou réduire un certain nombre de subventions dont celles touchant des produits de première nécessité et d’accroître les taxes, notamment la TVA, pour augmenter les recettes fiscales.
C’est ainsi que le gouvernement, afin de respecter son engagement vis-à-vis du FMI, a décidé la semaine dernière d’augmenter les prix de l’essence et de l’électricité. Le prix d’électricité a ainsi augmenté jusqu’à 42% pour certains ménages. Une semaine auparavant, c’est le prix du carburant qui a augmenté de 50%.
Conséquence, l’inflation devrait connaître une nouvelle envolée. La hausse des prix des carburants va impacter de nombreux secteurs dont les transports avec des répercussions sur toute la chaîne d’approvisionnement des marchandises. C’est dire que les risques d’aggravation de l’inflation sont grands, sachant que la plupart des biens et services sont concernés par la hausse du coût de l’énergie.
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Ainsi, certains experts prédisent une hausse de l’inflation de l’ordre de 35% en juillet et août. Toutefois, cette progression pourrait être freinée par l’appréciation de la livre égyptienne par rapport au dollar.
Face aux craintes d’aggravation de l’inflation, la banque centrale égyptienne a relevé ses taux directeurs de 200 points de base. D’ailleurs, même le FMI, dont les exigences drastiques sont derrière cette inflation, juge l’abaissement de l’inflation crucial pour maintenir le programme de réforme et salue le relèvement des taux d’intérêt.
Ainsi, la hausse des prix constitue, pour de nombreux observateurs, le défi majeur auquel est confronté le président Abdel Fettah al-Sissi et son gouvernement. Et face à cette situation, la Banque centrale s’est fixé un objectif de réduire le taux d’inflation à 13% d’ici fin 2018.