Les importations de sucre sont suspendues au Cameroun depuis quelques jours. La correspondance du secrétaire général de la République au ministère du Commerce, répercutant ces instructions du chef de l’Etat, Paul Biya, a été abondamment relayée sur les réseaux sociaux en fin de semaine dernière, avant l’annonce officielle par les autorités camerounaises. Les autorisations d’importation du sucre sont suspendues jusqu’à nouvel avis, a indiqué le ministère du Commerce.
Une décision prise, entre autres, afin de protéger l’économie locale. On se souvient en effet qu’il y a quelques semaines, la Société sucrière du Cameroun (SOSUCAM), principal producteur local, avait, à l’issue d’une session de son conseil d’administration, tiré la sonnette d’alarme quant à la pérennité de ses activités face aux importations massives et à la contrebande.
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«En plus de la contrebande pour laquelle une lutte acharnée doit être menée, la violation des autorisations se fait aussi à travers les importations hors délais qui procèdent de la spéculation sur les cours internationaux par les importateurs et perturbent l’équilibre du marché au moment où les quantités produites localement abondent», indiquait l’entreprise dans un communiqué.
Leader du marché camerounais du sucre (70% de couverture), la filiale, détenue aux trois quarts par le Français Somdiaa et par l'Etat du Cameroun, a été créée en 1965. Sa capacité de production sucrière moyenne est de 130.000 tonnes par an, alors que la demande nationale se chiffre à 180.000 tonnes environ. La SOSUCAM fait état de plus de 45.000 tonnes de sucre, soit plus de 3 mois de la consommation nationale, confinés dans ses magasins de stockage.
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Ce, alors que les entrées de sucre dans le pays, constituées des importations et de la contrebande, sont estimées par l’entreprise à 40.000 tonnes sur le premier trimestre de l’année 2018. Du côté du ministère du Commerce, on évoque à fin février 2018, un volume d’importations de sucre de l’ordre de 30.000 tonnes, pour une autorisation de 50.000 tonnes.
Selon les autorités publiques, compte tenu des stocks disponibles à la SOSUCAM et des importations déjà enregistrées, il n’y a pas de risque de pénurie pour les prochains mois. Afin de combler le gap entre la production de la SOSUCAM et la demande nationale (50.000 tonnes), huit opérateurs économiques avaient été autorisés à recourir à des importations en 2017.