Pour devenir un pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure d’ici 2035, le Cameroun doit aligner ses dépenses publiques aux objectifs de son programme de développement économique et de réduction de la pauvreté intitulé «Vision 2035».
C’est ce que préconise la Banque mondiale (BM), dans une revue des dépenses publiques présentée en mai 2018 aux partenaires techniques et financiers. Dans la mise en œuvre de ce programme, le gouvernement a considérablement accru ses dépenses au cours de la dernière décennie, alors que ses revenus baissaient. L’essentiel de la hausse des dépenses a porté sur le budget d’investissement public (BIP).
Bien que conforme aux objectifs de la «Vision 2035», celle-ci a détérioré la situation budgétaire de l’Etat, sa composition fonctionnelle révélant qu’une part disproportionnée du budget est allouée aux frais généraux de l’Etat aux dépens des secteurs prioritaires du Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE).
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Pour la BM, le gouvernement camerounais doit poursuivre les efforts de consolidation budgétaire, en réorientant notamment une grande partie des dépenses de l’administration générale et financière (frais de représentation, de missions, de cérémonie, de carburant, de voyages, de services extérieurs…) afin de générer des «économies budgétaires substantielles».
De même, le pays doit accroître l’efficacité et l’efficience des dépenses publiques et améliorer la qualité de l’investissement public. A ce sujet, un nouveau guide de maturation de projets est sur le point d’être mis en vigueur, et un travail de rationalisation du nombre de soldes engagés mais non décaissés est déjà en cours. Tout ceci constitue une «première étape importante» mais le processus pourrait être renforcé, souligne la revue. La BM recommande également au pays de rendre plus équitable les dépenses sociales.
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L’institution note par exemple que les dépenses de santé sont faibles par rapport à d’autres pays comparables. Celles-ci représentent 1% du PIB, contre 8% au Congo voisin (données de 2014). «La nouvelle politique de couverture santé universelle est une grande opportunité pour introduire plus d’efficacité dans l’équité des dépenses sociales (mais) elle devrait cependant être menée en s’inspirant de bonnes pratiques internationales», préconise l’institution.
Dans le même sillage, le pays doit réformer le financement de la protection sociale. La BM constate que le système de protection sociale n’est pas «aligné sur les objectifs de la Vision 2035», et qu’il «ne protège pas efficacement les ménages contre les chocs».
Pour y remédier, le Cameroun pourrait revoir les prix du carburant à la pompe, car les subventions dans ce secteur profitent principalement aux ménages les plus riches, ou encore réorienter les ressources de la protection sociale actuellement utilisés pour financer le déficit du régime de retraite de la Fonction publique vers «les programmes de lutte contre la pauvreté».