Djibouti: lancement de la future plus grande zone franche d'Afrique

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Le 05/07/2018 à 13h56, mis à jour le 05/07/2018 à 14h05

Djibouti a lancé jeudi ce qui doit devenir à terme la plus grande zone franche sur le continent africain, destinée à lui permettre de tirer pleinement profit de sa situation stratégique à l'entrée de la mer Rouge.

Lors d'une cérémonie dans la capitale, Djibouti-ville, le président djiboutien Ismaël Omar Guelleh a vanté les mérites d'un "projet phare", point culminant de plusieurs récents projets d’infrastructures allant "dans le sens du renforcement de la place de Djibouti dans le commerce et les échanges internationaux".

Situé le long d'une des voies maritimes les plus fréquentées au monde, entre océan Indien et canal de Suez, Djibouti a inauguré en 2017 trois nouveaux ports et une ligne ferroviaire le reliant à l’Éthiopie, dans le cadre de son projet visant à devenir la plateforme commerciale de la région.

Le président somalien Mohamed Abdullahi Mohamed "Farmajo" a parlé avec cette zone franche d'une "victoire pour l'Afrique de l'Est". Le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, le président rwandais Paul Kagame et le président soudanais Omar el-Béchir ont fait écho à ses propos.

La zone franche, connectée aux principaux ports de Djibouti, est destinée à diversifier l'économie djiboutienne, créer des emplois et attirer des investissements, en permettant aux compagnies étrangères d'être exonérées de taxes et de bénéficier d'un soutien logistique de qualité.

La première phase de ce projet lancée jeudi comprend une zone de 240 hectares. Une fois terminé, ce projet de 3,5 milliards de dollars (3 milliards d'euros), dont la construction est prévue pour durer 10 ans, devrait s'étendre sur 4.800 hectares, ce qui en ferait la plus grande zone franche en Afrique.

Le projet vise à permettre à des sociétés étrangères d'installer des industries de transformation dans la zone franche, pour ajouter de la plusvalue aux produits plutôt que simplement importer ou exporter des matières premières.

"Le volume de produits arrivant en Afrique de l'Est ne cesse d'augmenter. A chaque fois qu'un produit arrive sur le continent sans avoir été transformé, c'est une opportunité manquée pour l'Afrique", a estimé Aboubaker Omar Hadi, président de l'Autorité des ports et zones franches de Djibouti (DPFZA).

Une rangée de drapeaux djiboutiens et chinois flottant au-dessus des murs d'enceinte de la zone, fraîchement peints en jaune, témoigne des liens étroits unissant le petit État de la Corne de l'Afrique au géant asiatique, dont les prêts ont permis de financer les récents projets d'infrastructures.

Dette envers la Chine

Djibouti, qui accueille également la seule base militaire chinoise à l'étranger, est situé le long de la route maritime censée permettre à la Chine de rejoindre l'Afrique et l'Europe par la mer de Chine et l'océan Indien, dans le cadre du projet de nouvelles routes de la Soie, connu sous le nom de "One belt, one Road" ("La ceinture et la route").

Cette initiative majeure a vu Pékin prêter des sommes importantes à plusieurs pays en développement d'Asie ou d'Afrique pour améliorer leurs infrastructures et faciliter le commerce.

Mais des experts ont mis en garde ces pays sur leur capacité à rembourser leur dette à la Chine. Le Fonds monétaire international a sonné l'alarme concernant la hausse de la dette publique de Djibouti, passée de 50% du PIB en 2014 à 85% en 2017.

Selon le programme d'études China Africa Research Initiative, basé aux États-Unis, la dette de Djibouti envers la Chine s'établit à 1,3 milliard de dollars (1,1 milliard d'euros).

Mais, dans une interview avec l'AFP, M. Hadi a balayé ces inquiétudes, se disant confiant que les profits tirés des ports et de la nouvelle ligne de chemin de fer permettront de couvrir la dette. "Nous ne sommes pas du tout inquiets de notre niveau d'endettement. Ce ne sont pas les contribuables qui paieront la dette, ce sont ceux qui utilisent les services: les navires, les commerçants".

Les autorités arguent que la multiplication d'infrastructures nouvelles est le seul moyen d'assurer la croissance de Djibouti et de sortir sa population de la misère.

Selon le président Guelleh, la zone franche, dans sa phase initiale, pourrait permettre de faire croître le PIB de 11%. Les noms de 21 compagnies ayant déjà accepté d'emménager dans cette zone ont été dévoilés jeudi.

Le gouvernement dijboutien est l'actionnaire majoritaire de la zone franche, aux côtés de trois groupes chinois: China Merchants Group, Dalian Port Corporation et IZP Technologies.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 05/07/2018 à 13h56, mis à jour le 05/07/2018 à 14h05