Egypte: une frénésie touristique habituelle au lendemain de l'attentat terroriste

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Le 30/12/2018 à 06h16, mis à jour le 30/12/2018 à 08h27

Les vacanciers étaient nombreux à arpenter samedi le très prisé site des pyramides et du Sphinx de Guizeh, près du Caire, au lendemain d'un attentat meurtrier contre des touristes près de cette nécropole antique égyptienne.

Vendredi, trois touristes vietnamiens et leur guide égyptien ont été tués dans l'explosion d'une bombe artisanale au passage de leur bus dans le quartier d'Al-Marioteya, situé à près de quatre km des pyramides, en périphérie sud-ouest de la capitale égyptienne.

"Je pense que le terrorisme frappe partout à travers le monde", considère Somang Yang, une touriste sud-coréenne de 32 ans qui affiche un air particulièrement serein.

Depuis la révolution de 2011 et la destitution par l'armée du président islamiste Mohamed Morsi plus de deux ans plus tard, l'instabilité politique et les attaques de groupes extrémistes ont porté un coup dur au tourisme en Egypte.

Accompagnée de deux amis, Mme Yang dit revenir d'un voyage à Louxor, une ville du sud foisonnant de trésors pharaoniques.

"Il faut faire attention mais c'est aussi une question de chance", dit-elle à l'AFP, assurant ne pas avoir peur malgré l'attaque survenue la veille.

"La foudre ne frappe jamais deux fois au même endroit. Alors je me suis dit que ce serait même plus sûr aujourd'hui", témoigne-t-elle avec un sourire.

"Complètement effondrée"

Dans le petit désert où trône notamment la grande pyramide de Khéops, la dernière des sept merveilles du monde antique encore debout, la vie a repris samedi son rythme normal.

Comme chaque jour, un important dispositif de sécurité surveille les abords, pendant que des bus pleins de vacanciers étrangers vont et viennent.

Petites figurines de pharaons en main, des vendeurs à la sauvette poursuivent avec insistance les touristes qui affichent un air perplexe face à de tels objets.

Certains gardent toutefois en tête le drame qui a secoué le pays la nuit dernière. "Je connaissais le guide qui est mort hier", confie Dalia Sadaka, qui accompagne un groupe de touristes.

"Je ne le connaissais pas personnellement mais nous avions étudié ensemble", précise cette guide touristique de 37 ans, pressée de conduire les vacanciers vers le panorama, l'endroit du site offrant la meilleure vue sur les trois pyramides.

"Je me suis complètement effondrée hier, mais je devais aller au travail ce matin", confesse-t-elle en pointant du doigt ses yeux visiblement gonflés par les larmes.

"Vraiment regrettable"

Au-delà de la tristesse, certains professionnels du secteur craignent les répercussions négatives de l'attentat sur le tourisme en Egypte, en particulier à Guizeh.

"J'ai peur que cela ait un impact sur notre gagne-pain", dit à l'AFP le propriétaire d'un dromadaire, sur lequel il propose aux touristes de se promener.

Se targuant de 25 ans d'expérience dans le secteur du tourisme, il assure que les fêtes de fin d'année restent une saison importante, attirant de nombreux vacanciers.

"C'est vraiment regrettable. Nous étions contents que le tourisme ait enfin repris un peu", soupire cet homme âgé qui ne souhaite pas donner son nom, coiffé d'un turban blanc et vêtu d'une galabeya, la traditionnelle robe portée par les villageois égyptiens.

L'Egypte avait récemment enregistré un regain dans le secteur du tourisme, avec 8,2 millions de visiteurs en 2017, selon les derniers chiffres officiels. Mais le pays est encore loin des 14,7 millions de touristes de 2010.

Un attentat à la bombe revendiqué par l'EI le 31 octobre 2015 avait porté le plus gros coup dur au tourisme. Il avait coûté la vie aux 224 occupants d'un avion russe transportant des touristes après son décollage de Charm el-Cheikh, station balnéaire située dans le sud du Sinaï.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 30/12/2018 à 06h16, mis à jour le 30/12/2018 à 08h27