Dans un communiqué publié le 1er juillet dernier, le Groupement inter-patronal du Cameroun (GICAM) a exprimé ses préoccupations au sujet de la pénurie des devises dans le pays.
«Ce manque de devises est d’une ampleur sans précédent dans notre pays. Il se traduit au niveau des entreprises par un ralentissement considérable des opérations d’importation d’intrants, produits et équipements de production, ainsi que de maintenance de l’outil de production», indique ce communiqué.
«Cette pénurie pourrait contraindre les entreprises à suspendre, voire cesser leurs activités du fait d’une perte de confiance dans des relations distendues avec leurs fournisseurs et partenaires extérieurs», ajoute le patronat camerounais.
Entre autres griefs du GICAM, l'accumulation des demandes de transfert insatisfaites pour plusieurs dizaines de milliards de francs CFA, le non respect des délais d’exécution qui varient de plusieurs semaines à plusieurs mois, etc.
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Une situation que la Banque des Etats de l'Afrique centrale (BEAC) a tenu à clarifier lors d'un point de presse vendredi à Douala, au sortir d'une réunion avec les acteurs financiers de la sous-région dans la métropole économique camerounaise.
Le but en est d'expliquer la nouvelle réglementation des changes de la CEMAC, adoptée par le comité ministériel de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (UMAC) le 21 décembre 2018.
Ainsi, pour le gouverneur de la BEAC, Abbas Mahamat Tolli, il n'y a pas de crise de devises au sein de la sous-région, les devises étaient bel et bien disponibles au niveau de la banque centrale.
L'impression d'une pénurie est avant tout due au fait que les banques rechignent à se conformer à la nouvelle législation sur les devises étrangères, en vigueur depuis le 1er mars 2019.
Blanchiment de capitaux
Ainsi, par exemple, selon la BEAC, certaines banques de la CEMAC ont pris sur elles de retenir les dossiers de transferts des sociétés stratégiques en leur faisant croire que leurs demandes avaient été rejetées par la BEAC, alors même qu’elles n’y avaient jamais été déposées.
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Pour d'autres structures, la non couverture successive des soldes de compensations par certaines banques, qui ne les présentaient pas à la BEAC, a entraîné un blocage de leurs transactions.
Ou alors, la politique interne de gestion de certaines banques les a amenées à limiter les volumes de transferts.
Enfin, les établissements financiers qui fonctionnaient sur les lignes de découvert à l’étranger qui ont été atteintes, plafonnent désormais les envois aux montants prévisionnels des réceptions.
Pour les banques à problèmes, des demandes d'explications leur ont été adressées et des sanctions devraient suivre.
Pour la BEAC, la nouvelle législation vise, d'une part, à contribuer à la stabilité externe de la monnaie à travers une optimisation des transactions financières extérieures. Il s'agit avant tout pour cette banque centrale de minimiser les sorties des devises non causées et maximiser les entrées de devises provenant d’activités légales.
D'autre part, il s'agit d'adapter la réglementation des changes à de nouvelles problématiques telles que l’émergence de nouveaux moyens de paiement et la lutte contre le blanchiment de capitaux.
Une réforme qui, selon la BEAC, a permis un rapatriement de devises allant de 771 milliards de francs CFA à 1376 milliards entre janvier et mai 2019, contre 605 milliards de francs CFA en mai 2018, soit une augmentation de 127%.