«La viabilité de la dette des pays d’Afrique suscite des préoccupations croissantes», selon le dernier rapport sur ce sujet de la Banque Mondiale (BM), visant à évaluer «la qualité des politiques publiques et des cadres institutionnels», des Etats les plus pauvres, publiés en cette fin de semaine à Washington.
Ce document fournit ainsi, chaque année, une évaluation des politiques et institutions nationales -Country Policy And Institutional Assessment ou CPIA- des pays du continent. La méthode d'évaluation choisie est avant tout, selon l'institution, «un outil de diagnostic annuel destiné à mesurer la qualité des structures politiques et institutionnelles publiques, et leur capacité à soutenir une croissance durable et à réduire la pauvreté».
Le rapport de la CPIA de cette année sur l’Afrique subsaharienne, examine attentivement la question de la dette.
Le document indique ainsi «qu’en 2018, le montant de la dette publique par rapport au Produit Intérieur Brut (PIB) a atteint environ 54,9%, soit une hausse de 18,5 points de pourcentage depuis 2013».
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Les rédacteurs de ce rapport précisent en outre que «dans le même temps, la proportion d’obligations libellées en devises dans l’ensemble de la dette extérieure s’est accrue de 10%, tandis que la proportion de l’endettement envers les créanciers commerciaux et extérieurs au Club de Paris a augmenté de 5 points depuis 2010 et les émissions d’obligations souveraines ont fortement progressé».
Dans ce contexte, avertit l'un de ces rédacteurs, Albert Zeufack, économiste en chef pour l’Afrique à la Banque Mondiale, «certains pays africains risquent d’hypothéquer l’avenir de leur population en privilégiant la consommation immédiate. Lorsque des Etats consacrent la majeure partie de leurs recettes au service de la dette, une quantité moindre de ressources est disponible pour l’éducation, la santé et d’autres services essentiels pour les habitants. Le progrès est alors stoppé net dans son élan».
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«Ainsi combinés, la hausse des niveaux d’endettement et le glissement de la dette extérieure vers des sources de financement plus risquées, plus coûteuses et reposant d’avantage sur le marché, ont sensiblement accru la vulnérabilité IDA des pays d’Afrique subsaharienne vis-à-vis de l’endettement», ajoute cet économiste.
Le rapport recommande en conséquence aux Etats concernés «d’améliorer leurs capacités et système de gestion de la dette. Cela contribuera à accroître la transparence et à stabiliser l’économie à long terme».
La note CPIA moyenne attribuée aux 38 pays africains remplissant les conditions pour bénéficier de l’Aide de l’Association Internationale de Développement (IDA) est restée inchangée en 2018 à 3,1, sur une échelle allant de 0 à 6.
«Les pays fragiles d’Afrique subsaharienne ont légèrement amélioré leurs résultats dans le domaine de l’égalité hommes-femmes, du développement humain, de la stabilité environnementale. Ces progrès sont de bonne augure pour la capacité de ces pays à s’attaquer aux facteurs de conflits et d’exclusion. En fait, les pays africains fragiles ont réalisé de meilleurs résultats en matière d’inclusion».
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Ce document indique en outre que si «la politique sociale s’est améliorée, (...) la gestion macroéconomique s’est détériorée. Le contexte actuel en matière de primauté du droit, de redevabilité et de transparence, ainsi qu’en ce qui concerne la qualité des administrations publiques est toujours un obstacle à une utilisation efficiente des ressources publiques dans la région».
Avec une note de 4.0, le Rwanda reste le pays le mieux noté dans ce classement CPIA, et ce, tant en Afrique que dans le reste du monde.
Sur le continent, il est suivi par le Cap-Vert (3,8) et le Kenya, le Sénégal et l’Ouganda (tous trois notés 3,7).
Le Soudan du Sud reste le pays le plus mal noté, avec une note de 1,5 dans ce classement de la Banque Mondiale.