En plus du tourisme et de l’énergie, l’Egypte compte désormais faire de l’industrie automobile un secteur-clé de son développement économique. Le pays entend ainsi combler son retard par rapport aux deux grands de la construction automobile africaine, le Maroc et l’Afrique du Sud.
L’Egypte compte plusieurs constructeurs automobiles, déjà implantés dans le pays, dont BMW, General Motors, JAC, PSA, Daewoo, Nissan, Fiat Chrysler, Ford.
En tout, le pays compte une vingtaine d’unités d’assemblage, ayant une capacité de production annuelle cumulée de 300.000 voitures et bus. Plus de 300 fournisseurs de composants et de sous-traitants alimentent les constructeurs locaux et internationaux.
Toutefois, cette production a connu un arrêt notable suite aux Printemps arabes et a du mal à reprendre, depuis lors, la cadence qui a été la sienne, malgré la meilleure volonté exprimée par les autorités.
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Toutefois, celles-ci semblent désormais décidées à développer rapidement ce secteur. En atteste l’objectif fixé de porter la production nationale de véhicules à hauteur de 500.000 unités, d’ici 2020.
Certains opérateurs comptent fortement y contribuer. Ainsi, le japonais Nissan et le constructeur automobile égyptien El Nasr Automotive Manufacturing ont signé, en avril dernier, un accord pour produire 100.000 véhicules par an en Egypte, contre 22.000 unités actuellement.
Un accent particulier sera également mis sur la production de voitures électriques, segment dans lequel le pays compte devenir un acteur sous-régional majeur.
Pour devenir l'un des principaux acteurs de la construction automobile en Afrique, secteur aujourd'hui dominé par le Maroc et l’Afrique du Sud, le gouvernement égyptien compte porter les investissements dans le secteur à hauteur de 5 milliards de dollars, soit 83 milliards de livres égyptiennes.
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Pour encourager ces investissements, l’Egypte compte ainsi accorder des incitations aux opérateurs automobiles, via des exonérations fiscales, l’idée étant d'nciter les constructeurs étrangers à produire des composants localement, en contrepartie d'avantages fiscaux et ce, dans le but d’accroitre le contenu local dans la fabrication de véhicules.
Il s’agit d’un modèle qui s’apparente à celui qui fait actuellement le succès de l’industrie automobile au Maroc, où tout un écosystème de fabricants de composants s’est développé autour des unités du constructeur automobile Renault et, plus récemment, de PSA.
Le choix stratégique du développement de cette industrie s’explique par plusieurs raisons. D’abord, la production locale permettra d’atténuer la facture des importations de véhicules. En 2017, le pays a importé et monté 190.000 véhicules.
Ensuite, le développement de l’industrie va contribuer à la réduction du chômage, du fait que cette industrie demeure très créatrice d’emplois, surtout si une stratégie en amont a été bien pensée, avec la mise en place d’un écosystème doté de sous-traitants et de fournisseurs qui alimentent les unités industrielles de montage automobile.
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Par ailleurs, avec le développement de cette industrie, le gouvernement espère accroître les exportations de véhicules, en portant la valeur des exportations du secteur à 3 milliards de dollars (soit 50 milliards de livres égyptiennes) d’ici 2022.
Pour y arriver, L’Egypte compte sur les accords de libre-échange signés avec de nombreux pays dont ceux du COMESA –Marché commun de l’Afrique orientale et australe-, une organisation régionale de 21 pays membres, dont des pays arabes.
A travers le développement de son secteur automobile, l’Egypte compte accélérer son développement, créer des emplois, attirer des investissements directs étrangers et stimuler les exportations du pays.
Toutefois, la fin des droits d’importation sur les véhicules, prévue pour cette année 2019, alors qu'ils étaient de 40% en 2014, ne va pas encourager certains constructeurs à s’implanter en Egypte.