Mardi, l’agence officielle des statistiques a publié de nouvelles données faisant état d’une nouvelle hausse du chômage. Dorénavant, ce fléau touche 29,1% de la population active. C’est un niveau record au pays de Nelson Mandela depuis la crise financière internationale de 2008.
Cette hausse n’est pas surprenante dans un pays qui ne cesse d’essuyer des revers qui assombrissent ses horizons et repoussent toute perspective d’une reprise économique capable de redonner espoir aux millions de Sud-Africains qui vivent dans l’exclusion.
L’essence de tout essor demeure une croissance économique soutenue. Sur ce registre, l’Afrique du Sud, l’un des pays les plus industrialisés du continent africain, n’arrive plus à retrouver la vitesse de croisière des années fastes qui avaient suivi la fin de l’apartheid en 1994.
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Les dernières prévisions de la Banque mondiale tablent sur une croissance quasi-nulle de 0,8% du Produit Intérieur Brut sud-africain, un taux qui ne peut en aucun cas ouvrir une brèche pour cette économie en perte claire de vitesse.
Ce ralentissement qui dure depuis presque 11 ans encadre une réalité amère faite d’affaiblissement continue de la confiance des investisseurs. Ces derniers semblent de plus en plus dissuadés par l’incertitude politique qui prévaut dans le pays. Selon une récente étude, la confiance des opérateurs économiques est à son niveau le plus bas depuis 1985.
La récente publication du classement Doing Business de la Banque mondiale a enfoncé le clou. Le pays pointe au 84è rang sur un total de 190 pays, un glissement qui témoigne, selon les analystes, de la détérioration de la situation économique du pays.
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En dix ans, l’Afrique du Sud a glissé de la 32è à la 84è place sur ce classement, qui mesure les avancées des pays du monde dans le domaine de l’amélioration de l’environnement des affaires.
Les analystes de la place financière de Johannesburg estiment que cette dégringolade qui se poursuit est le résultat de l’incapacité de l’Afrique du Sud à mettre en œuvre les réformes structurelles nécessaires pour corriger la trajectoire du pays.
D’autres lient cet échec aux divisions au sein du Congrès National Africain (ANC, au pouvoir). Ils citent les actuelles divergences au sein du parti au sujet de la réforme du régime des salaires et de la compagnie nationale d’électricité (ESKOM), en proie à une grave crise financière.
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«Réformes, réformes et davantage de réformes. Nous faisons face à une crise de confiance dans l’économie», indique Lumkile Mondi, professeur à la School of Economics relevant de l’université de Witts à Johannesburg.
L’analyste estime que le gouvernement de l’ANC «ne prend pas au sérieux la crise qui frappe le pays».
Presque tous les secteurs clés ont besoin de réformes pour raviver le marché de l’emploi et commencer à juguler la pauvreté qui affecte plus de la moitié de la population, souligne-t-il.
Pour Azar Jammine, économiste-en-chef au sein du cabinet Econometrix, le taux de 29,1% de chômage est la parfaite illustration de la crise qui frappe l’Afrique du Sud, un pays où le nombre des personnes en âge de travailler à atteint plus de 38 millions.