Un an après la publication, au mois de juillet 2018, de la première évaluation des conséquences économiques de la crise sécuritaire qui sévit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun, le Groupement inter-patronal du Cameroun (GICAM) a poursuivi le monitoring de cette situation et de ses répercussions sur l’activité des entreprises, dans un rapport actualisé au mois d'octobre 2019.
Il en ressort notamment un manque à gagner en termes de chiffres d'affaires de l'ordre de 785 milliards de francs CFA pour les entreprises exerçant dans les deux régions anglophones. Pour l’Etat camerounais, le préjudice en termes de taxes perdues est d'environ 18,4 milliards de francs CFA.
Les destructions occasionnées par cette situation se situent quant à elles autour de 38 milliards de francs CFA, alors que les mesures d'adaptation que les entreprises ont été obligées de prendre ont coûté plus de deux milliards de francs CFA.
Parmi les filières les plus sinistrés, celui de la banane.
Lire aussi : Cameroun: la France octroie 40 milliards de francs CFA pour la reconstruction des régions anglophones
«Rendu à juillet 2019, le secteur bananeraie de la CDC [Cameroon Development Corporation, deuxième employeur après l’Etat, Ndlr] est désormais totalement à l’arrêt. En raison des exactions, les sites de production ont cessé toute activité. Les plantations ou ce qui en reste font l’objet de pillages réguliers. Les difficultés de la filière banane de la CDC se répercutent sur l’ensemble de la filière. Avec 3.800 ha de surfaces plantées en 2015, la CDC était le deuxième grand producteur de banane du pays», indique le rapport.
Avec 278.450 tonnes de bananes produites en 2015, le Cameroun est devenu le premier producteur parmi les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP). La production de la CDC représentait alors près de 40% des exportations totales.
«Avec la crise sécuritaire, cette branche a progressivement sombré et, depuis le mois de septembre 2018, la CDC n’a plus exporté un seul kilogramme de banane. Sur deux ans et neuf mois (janvier 2017-août 2019), le manque à gagner pour la CDC en termes de chiffres d’affaires et donc de recettes d’exportation pour le pays se chiffre à environ 30 milliards de francs CFA», précise le GICAM.
Lire aussi : Cameroun. Crise anglophone: un avion de Camair-Co essuie des tirs lors de son atterrissage
D'autres entreprises du secteur sont également touchées. Selon l'association Bananière du Cameroun, on est passé de près de 296.000 tonnes de bananes exportées en 2016, à seulement 137.000 tonnes au mois d’août 2019.
La filière cacao est également concernée: sa production, commercialisée de la région du Sud-Ouest (auparavant leader dans le pays) a été en baisse à l’issue de la campagne 2018/2019.
De 115.075 tonnes, elle a baissé de 22% pour s’établir à seulement 89.696 tonnes.
«Sur le plan financier, la perte est ainsi évaluée entre 52,3 milliards de francs CFA et 61,9 milliards de francs CFA. Pour les planteurs de la région, cela représente un manque à gagner de l’ordre de 33 à 39 milliards de franc CFA», évalue le GICAM.