Moody’s, qui rejoint ainsi les deux autres agences Fitch et Standard & poor’s qui avaient relégué l’Afrique du Sud dans cette catégorie en 2017, a enfoncé le clou en plaçant ce pays le plus industrialisé du continent africain sur une trajectoire négative.
Moody’s ne s’attend pas que la politique actuellement mise en œuvre par le gouvernement dirigé par le Congrès National Africain puisse redresser une situation marquée par une détérioration de la position fiscale du pays.
Justifiant la perspective négative de l’Afrique du Sud, l’agence a relevé qu’elle traduit les risques qui guettent le pays avec un affaiblissement continu de la croissance de son Produit Intérieur Brut (PIB) avec une hausse débridée de l’endettement public.
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Cette nouvelle dégradation intervient au moment où l’Afrique du Sud se trouve plongée dans une récession suite à deux trimestres de croissance négative à la fin de 2019.
Cette deuxième récession en moins de deux ans promet de s’aggraver dans le pays avec la propagation du Coronavirus, qui a touché jusqu'à vendredi 1170 Sud-Africains avec un réel risque de forte propagation.
Les analystes de la place financière de Johannesburg estiment que la pandémie devra décimer davantage les perspectives de croissance économique du pays, certaines analyses s’attendant à une contraction allant jusqu'à -6 pc du PIB.
De l’avis même du président Cyril Ramaphosa, le lockdown total du pays depuis vendredi pour une période de 21 jours, sera excessivement couteux pour une économie en crise.
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Toutes les activités économiques non-essentielles sont arrêtées. Ceci signifie que les vastes armées de chômeurs devront augmenter au-delà des 30% de la population active décomptés par le département officiel des statistiques.
La facture sociale est pour le moins périlleusement élevée. Vendredi, premier jour du confinement national, des centaines de Sud-Africains sont descendus dans les rues pour manifester contre la fermeture de leurs petits commerces à Hillbrow et à Alexandra, deux foyers de pauvreté, non loin du quartier financier très huppé de Sandton (Johannesburg).
Ces manifestations témoignent de la tension sociale qui devra s’aggraver dans cette Afrique du Sud qui n’a jamais pu vaincre une pauvreté prépondérante qui frappe plus de 50% de sa population estimée à environ 58 millions d’âmes, plus de 25 ans après la fin du régime de la ségrégation raciale.
La Trésorerie nationale sud-africaine a reconnu que la décision de Moody’s intervient au « pire moment ».
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L’impact du Coronavirus s’est propagé à de nombreux secteurs de l’activité économique, y compris les services financiers qui font face à une grande volatilité, a dit la Trésorerie, ajoutant que la dégradation de la note sud-africaine par Moody’s devra augmenter les pressions sur ce secteur, qui faisait jadis la fierté de l’Afrique du Sud.
Techniquement, la décision de Moody’s de dégrader la note sud-africaine signifie que les obligations d’Etat du pays seront exclues de l’indice FTSE World Government Bond Index, qui requiert tout pays d’avoir au moins une notation « investment grade » par l’une des agences de notation de crédit.
Les gestionnaires de fonds internationaux seront ainsi obligés de vendre les obligations sud-africaines d’ici la fin du mois d’avril.
Les opérateurs étrangers détiennent 37%, soit 800 milliards de rands, des obligations d’Etat du pays.
Par ailleurs, Moody’s a exclu un retour proche de l’Afrique du Sud au niveau investissement, les perspectives de croissance devant s’affaiblir davantage dans un climat de grandes incertitudes.