Ethiopian Airlines va t-elle sauver South African Airways de la faillite? Tout semble indiquer que la première compagnie aérienne du continent se dirige vers une entrée dans le capital de la compagnie nationale sud-africaine, actuellement en proie à une crise structurelle depuis une décennie, une crise qui a été, de plus, aggravée par l'arrivée de la pandémie du coronavirus. Il faut dire qu'aujourd'hui, Ethiopian Airlines est la plus importante compagnie aérienne africaine, avec une flotte actuellement composée de 120 appareils et 150 prévus à l’horizon 2025.
Avec 130 destinations passagers couvrant les cinq continents, Ethiopian Airlines est la 5e compagnie au monde en termes de destinations desservies. C'est donc fort de cette position que son PDG, Tewolde GebreMariem, après avoir exclu toute prise de participation dans le capital de SAA ou d'une aide pour éponger la dette de celle-ci, semble avoir entre-temps atténué ces propos premiers, en annonçant tout dernièrement qu’«Ethiopian Airlines est prête à fournir des avions, des pilotes et des services de maintenance à sa rivale sud-africaine en difficultés, dans le cadre d’une co-entreprise avec le gouvernement de ce pays».
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Cette sortie médiatique du patron d’Ethiopian Airlines officialise ainsi les débuts de pourparlers en cours entre le gouvernement sud-africain et la première compagnie aérienne du continent.
Un partenariat capitalistique permettra à Ethiopian Airlines d’éviter la faillite de South African Airlines, qui avait été placée en redressement judiciaire en décembre 2019, et qui a aujourd'hui besoin de 600 millions de dollars pour la reprise de se activités, alors même que les nombreuses opérations de recapitalisation menées par l’Etat sud-africain n’ont jusqu’à présent servi à rien.
Mais quel que soit le type de partenariat qui sera noué entre Ethiopian Airlines et South African Airlines, celle-ci aura de toutes façons besoin d’un plan de restructuration. La compagnie sud-africaine devra en effet se séparer d'au moins 2.700 salariés, soit près de 60% de ses effectifs.
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Et dans le cadre de ce partenariat dont les pourparlers ont à peine été amorcés, la compagnie éthiopienne pourra surtout apporter à son ancienne rivale sud-africaine ce qu’elle sait le mieux faire: une gestion efficiente pour une compagnie aérienne, ce qui a énormément fait défaut jusqu'à présent à South African Airlines.
Cette opération entre d’ailleurs dans le cadre de la stratégie d’expansion d’Ethiopian Airlines, qui ambitionne de contrôler le ciel africain en multipliant les partenariats capitalistiques avec plusieurs compagnies africaines. La compagnie éthiopienne compte déjà, dans son portefeuille d'actifs, des participations dans de nombreuses compagnies africaines dont Asky Airlines, Zambian Airways, Malawian Airlines, Tchadia Airlines, Ethiopian Mozambique Airlines, etc. Ethiopian Airlines négocie aussi, en ce moment même, et dans le cadre de cette expansion, des partenariats avec d’autres pays, dont la Gambie, la Guinée, la Guinée Equatoriale, la RD Congo.
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La situation de crise actuelle dans laquelle se trouvent de nombreuses compagnies aériennes africaines est d'ailleurs propice à des prises de participation de la compagnie éthiopienne dans le capital de nombreuses compagnies du continent, à cause de la fragilité actuelle dans laquelle se trouvent nombre d’entre elles, du fait des effets de la crise sanitaire, qui a particulièrement affecté le secteur du transport aérien africain, dont les compagnies étaient structurellement fragiles.
«Certains d’entre nous vont survivre, pour d’autres ce ne sera pas forcément le cas. Certains auront besoin d’aides étatiques, si elles sont disponibles, d’autres devront peut-être se restructurer ou réduire leur voilure», a annoncé tout dernièrement Tewolde GebreMariem, le charismatique PDG d’Ethiopian Airlines, pour expliquer que toutes les compagnies aériennes africaines ne pourront pas survivre à la pandémie du Covid-19.