Le Cameroun occupe la 129e place (sur 180) du classement mondial de la liberté de la presse 2018, publié ce mercredi 25 avril par Reporters sans frontières (RSF). Le pays gagne ainsi une place par rapport à l’année dernière, mais reste loin derrière le Ghana (23e et classé premier pays au niveau africain), la Namibie (26e) et l’Afrique du Sud (28e).
RSF estime en outre qu’une «menace permanente» pèse sur les médias au Cameroun, car les autorités de Yaoundé «font régner une atmosphère de crainte et d’autocensure». A titre illustratif, «de nombreuses radios n’ont toujours pas reçu leur agrément définitif, technique largement utilisée par le gouvernement pour les garder sous la menace permanente d’une fermeture», déplore cette organisation internationale de défense de la liberté de la presse.
Lire aussi : Liberté de la presse, quels sont les 5 champions africains?
Entre autres griefs recensés, RSF cite la poursuite des journalistes pour diffamation «sans qu’ils en soient avertis», des arrestations arbitraires et des condamnations des professionnels des médias à des peines de prison sans qu’ils aient pu se défendre devant un tribunal. Au sein de la corporation, difficile de se réjouir de cette légère progression, car le pays «figure parmi les derniers de la classe».
Cette situation résulte du fait que les journalistes ne sont pas libres d’exercer leur métier au Cameroun, selon le président du Syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC), Denis Kwebo. Le cas le plus emblématique, dit-il, est celui du correspondant de Radio France internationale (RFI), Ahmed Abba, «victime d’une justice au forceps» qui l’a maintenu pendant 29 mois en prison. Sans oublier les journalistes d’expression anglaise arrêtés simplement parce qu’ils sont «originaires d’une région où le régime était en difficulté».
Lire aussi : Cameroun. Liberté de la presse: la responsabilité des journalistes en question
Au-delà de ces violations manifestes à l’exercice du métier de journaliste, il y a un ensemble de dispositifs institutionnels et réglementaires qui constituent des atteintes à la liberté de la presse dans le pays. «Le Conseil national de la communication continue de suspendre les journaux n’importe comment et de façon sélective. L’identification des journalistes est confisquée par le pouvoir, alors que dans les autres pays du monde, ce sont les membres de la corporation qui organisent l’autorégulation et l’identification des personnels des médias», dénonce le président du SNJC.
«Lorsqu’on a autant d’entraves à l’exercice de la profession de journaliste, il est tout à fait normal que RSF revienne avec ce classement qui est médiocre pour nous», analyse-t-il. En septembre 2017, le ministre de la Communication a assuré que la presse était libre au Cameroun, «pourvu que ce soit conforme à la défense des institutions».