Cameroun: RSF demande la «remise en liberté immédiate» de l’ex-DG de la télévision publique

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Le 28/11/2018 à 06h16

Pour Reporters sans frontières, l’ancien dirigeant de la Cameroon Radio Television est victime d’une «cabale judiciaire». L’ONG réclame l’abandon des charges contre l’ancien dirigeant, en détention provisoire depuis le 29 juillet 2016 à la prison centrale de Yaoundé.

Reporters sans frontières (RSF) demande «la remise en liberté immédiate» de l’ancien directeur général de la Cameroon Radio Television (CRTV), Amadou Vamoulké, écroué depuis le 29 juillet 2016 à la prison centrale de Yaoundé, la capitale du Cameroun.

L’ex-dirigeant de l’organisme public camerounais de radio-télévision est officiellement poursuivi pour détournement de fonds publics «non pas à des fins personnels, mais au profit de la chaîne de télévision publique qu’il a dirigée entre 2005 et 2016», indique l’ONG dans un communiqué publié sur son site Internet.

Le journaliste est appelé à comparaître pour une nouvelle audience le 4 décembre prochain devant le Tribunal criminel spécial (TCS), après 14 renvois consécutifs.

Au cours de cette audience, les juges prendront leur décision en fonction des éléments à charge fournis par l’accusation, dont les réquisitions intermédiaires sont attendues à cette occasion. «Or, deux ans et quatre mois après l’arrestation de l’ancien dirigeant de la CRTV, aucun élément probant n’a été fourni par l’avocat général pour justifier les poursuites et le maintien en détention provisoire de ce journaliste», regrette RSF pour qui Amadou Vamoulké est victime d’une «cabale judiciaire».

De même, poursuit l’ONG, aucun rapport d’audit et aucun témoin n’ont appuyé ces accusations depuis le début du procès. De nombreuses personnalités avaient attesté de son intégrité, soulignant que le journaliste avait pu «établir sa bonne foi et la qualité de la gestion de la CRTV pendant la durée de son mandat».

Le comité international pour la réhabilitation et la libération d’Amadou Vamoulké (CIRLAV), présidé par Alain Massé, ex-directeur général de Radio France, estime que le journaliste a été «puni pour avoir tenté de faire valoir des principes éthiques», notamment en baissant son salaire qu’il jugeait «indécent» et en mettant en place des appels à candidature transparents au sein de la chaîne publique. Des mesures peu communes qui sont allées à l’encontre de pratiques et intérêts habituels.

«Ce journaliste est unanimement salué par ses pairs camerounais et étrangers comme un modèle de professionnalisme et d’intégrité mais au lieu de faire partie des personnalités érigées en exemple par le Cameroun, il croupit en prison depuis plus de deux ans», dénonce Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF.

Tout en rappelant que le Cameroun occupe la 129e place du Classement mondial de la liberté de la presse 2018 établi par RSF, l’ONG demande au TCS de «laver la justice camerounaise de cette tâche» en abandonnant toutes les charges contre l’ex-dirigeant de la CRTV afin qu’il puisse recouvrer la liberté. «Le Cameroun ne peut plus être le seul pays de la région connu pour les placements arbitraires et à répétition de journalistes en détention», affirme RSF.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 28/11/2018 à 06h16