Le chef de l'armée gambienne a réaffirmé mercredi son "soutien inébranlable" à Yahya Jammeh, pressé de toutes parts de quitter le pouvoir à la suite de sa défaite à la présidentielle, et qui a saisi mercredi la Cour suprême de nouvelles plaintes contestant les résultats du scrutin.
Ces développements sont les derniers épisodes de la crise née de la présidentielle du 1er décembre dans ce pays anglophone d'Afrique de l'Ouest dirigé par Jammeh depuis plus de 22 ans.
Le scrutin a été officiellement remporté par l'opposant Adama Barrow face à Yahya Jammeh, selon les résultats proclamés le 2 décembre.
Le même jour, Jammeh avait reconnu sa défaite et félicité Barrow. Puis il a fait volte-face le 9 décembre: il a rejeté les résultats et exigé un nouveau vote en arguant d'irrégularités dans la comptabilisation des résultats par la Commission électorale indépendante (IEC).
Entre-temps, le 8 décembre, Adama Barrow avait affirmé avoir reçu le soutien du chef des forces armées gambiennes, le général Ousman Badjie. Mais le 13 décembre, lors de la visite d'une délégation de présidents ouest-africains, le général Badjie était arrivé aux discussions en portant sur son uniforme un badge de Jammeh, affirmant qu'il soutenait "le commandant en chef, le président Yahya Jammeh".
Dans un message de Nouvel An publié mercredi par le quotidien progouvernemental Daily Observer, le chef de l'armée a réitéré son soutien et celui de ses hommes à Jammeh et aux autorités.
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Il renouvelle "l'assurance de la loyauté et du soutien inébranlable des forces armées gambiennes" au président ainsi qu'aux autorités, a-t-il écrit, en félicitant aussi Jammeh pour son "engagement personnel" envers l'armée.
Parallèlement, Yahya Jammeh et son parti, l'Alliance patriotique pour la réorientation et la construction (APRC), continuent d'utiliser des armes judiciaires.
Ils ont déposé mardi deux nouvelles plaintes auprès de la Cour suprême alléguant que les résultats avaient été falsifiés dans deux régions et que M. Jammeh avait été privé d'une "victoire bien méritée", selon des copies de ces documents obtenus mercredi par l'AFP.
Le 13 décembre, l'APRC avait déjà saisi la Cour suprême d'une première plainte, qui doit être examinée le 10 janvier, soit neuf jours avant l'expiration du mandat de Yahya Jammeh.
Silence à l'antenne
Depuis son revirement, Jammeh est sous pression de plusieurs pays et institutions, dont l'ONU et la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), qui lui demandent de céder son fauteuil le 19 janvier.
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Pour l'en convaincre, la Cédéao a dépêché une mission à Banjul, sans succès. Et le 31 décembre, Jammeh a accusé l'organisation de partialité et de lui avoir fait "une déclaration de guerre".
Il a aussi plusieurs fois réitéré ses critiques contre la Commission électorale indépendante (IEC) et son président, Alieu Momar Njie, à l'origine selon lui d'"erreurs inacceptables".
Le 13 décembre, le siège de l'IEC avait été fermé par les forces de sécurité et son personnel s'en était vu interdire l'accès. Le 28 décembre, Jammeh en a ordonné la réouverture.
Craignant pour sa sécurité, le président de l'IEC s'est réfugié au Sénégal, unique voisin terrestre de la Gambie, a indiqué mardi à l'AFP un membre de la famille. Il a quitté le pays "après avoir appris que les autorités gambiennes complotaient contre lui et son équipe".
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Depuis, l'AFP a sollicité plusieurs sources sénégalaises, mais aucune n'a souhaité faire de commentaire.
La crise post-électorale a enregistré ces derniers jours une escalade avec la fermeture, sans explications, de trois radios privées par des membres de l'Agence nationale du renseignement (NIA), sur ordre de leur chef.
Une d'elles, Afri Radio, a rouvert sous condition et ne diffuse plus que de la musique, mais les deux autres, Teranga FM et Hilltop Radio, demeurent silencieuses depuis le 1er janvier. Leur réouverture a été réclamée par Reporters sans frontières (RSF), l'opposition et la société civile gambienne.
Par ailleurs, au moins cinq sympathisants de l'opposition ont été brièvement détenus par la NIA pour avoir porté ou vendu des T-shirts prônant un changement de régime, selon des sources de sécurité et des militants libérés.