Il ne reste plus que sept jours, peut-être huit, pour que Dlamini-Zuma tire sa révérence à la tête de la Commission de l’Union Africaine. A l’heure du bilan, on se rend compte que le sien est bien léger. C’est de la manière la plus solennelle que les langues se délient. "Depuis 2012, 1.200 résolutions ont été adoptées par l’organisation continentale, moins de 15% ont été appliquées", affirme Moussa Faki Mahamat candidat à la succession de la Sud-Africaine. Ce dernier sait de quoi il parle. Il est le ministre des Affaires étrangères du Tchad depuis une dizaine d’années et son pays assure depuis deux ans, la présidence en exercice de l’Union Africaine (UA).
Pas ses priorités
Ces résolutions sont en quelque sorte, les lois supranationales qui, une fois ratifiées par les parlements des pays membres, constituent le socle pour le bon fonctionnement de l’Afrique en tant que nation, d’où leur importance. Mais, Dlamini-Zuma n’en n'a cure. D’ailleurs, les relations difficiles qu’elle entretient avec certains Etats font que la communication passe mal avec beaucoup de pays membres. Jamais, elle ne se déplace pour rendre visite à une organisation comme la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Elle a toujours préféré la diplomatie sélective. Pour elle, l’Algérie est mieux que la Gambie, l’Afrique du Sud supérieure au Sénégal, le Kenya plus intéressant que le Mali. Ce raisonnement bancal tenu pendant quatre longues années l’a conduite à de maigres réalisations.
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Evidemment, ces positions sont une trahison au serment qu’elle a prêté en prenant ses fonctions, lequel l’oblige à considérer l’Afrique du Sud comme un Etat parmi les autres au sein du continent et à être une simple Africaine mettant tous les pays sur le même pied d’égalité.
Rancunière
Ce triste bilan de l’ex-femme de Jacob Zuma l’actuel président de la République sud-africaine fait que personne ne la regrettera vraiment. Pourtant, Nkosazana Dlamini-Zuma aurait du se rendre compte de la hauteur du challenge qui était le sien. Elle était attendue pour plusieurs raisons. La première en tant que première femme à être présidente de la Commission de l’Union africaine qui est l’institution qui remplace le Secrétariat de l’Organisation de l’Unité africaine.
Pourquoi Zuma veut que son ex Dlamini-Zuma lui succède, d'après Time Magazine
La seconde parce que l’élection de Dlamini-Zuma est venue mettre fin à la règle non-écrite selon laquelle les 5 pays qui contribuent le plus au budget de l’UA ne briguent pas le poste qu’elle occupe. Il s’agit notamment de l’Afrique du Sud, de l’Angola, du Nigeria, de l’Algérie et de l’Egypte. Mais voulant lui donner une dimension continentale et la préparer à prendre la tête de l’ANC, Jacob Zuma a joué des coudes pour l’imposer. L’opposition farouche à son élection des pays francophones d’Afrique subsaharienne a été vécue par Madame Zuma comme un crime de lèse-majesté. Du coup, elle a gardé une dent contre le Sénégal, le Congo, le Mali, la Côte d’Ivoire, etc.
Invisible dans les crises
Dans la résolution des crises au niveau du continent qui entend sa voix? Personne ne l’a vue se prononcer sur aucune crise postélectorale récente. Elle ne prend même pas position quand le Mali s’embrase et qu’il a failli être envahi du Nord au Sud par les groupes djihadistes. Pour la crise centrafricaine, l’intervention de son pays a été un véritable camouflet. Concernant la Gambie, elle est purement et simplement restée muette. En d’autres termes, Dlamini-Zuma n’a jamais agi en cheffe d’un gouvernement fédéral panafricain, comme le suggère sa fonction. Elle s’est contentée d’être une simple exécutante pour les affaires courantes. Mauvaise exécutante d’ailleurs. Beaucoup lui disent sans regret : "la sortie c’est par là".