Afrique du Sud: Zuma limoge Pravin Gordhan, le rand plonge

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Le 31/03/2017 à 19h04, mis à jour le 31/03/2017 à 19h08

Comme attendu, le limogeage de Pravin Gordhan, l’encombrant «Monsieur Propre» sud-africain, a eu un impact négatif immédiat sur la monnaie sud-africaine, le rand. Celle-ci a perdu plus de 10% de sa valeur par rapport aux principales devises (livre sterling, euro, dollar, etc.).

Les marchés financiers sud-africains avaient réagi lorsque le président Jacob Zuma a demandé le retour immédiat de son ministre des Finances Pravin Gordhan, en tournée dans un certain nombre de pays. Des rumeurs insistantes avaient fait état de son limogeage. La sentence a toutefois été retardée par le décès d’Ahmed Kathrada, le héros de la lutte anti-apparteid et compagnon de Nelson Mandela.

Très respecté au niveau du microcosme financier sud-africain, les conséquences de son limogeage sur l’économie sud-africaine, en général, et le rand, la monnaie locale, en particulier étaient très redoutées.

Et les observateurs avaient raison. Aussitôt après l’annonce de son limogeage, le rand sud-africain a devissé. La monnaie locale a perdu en moyenne 10% de sa valeur par rapport aux devises étrangères (euro, dollar et livre sterling). Ainsi, à la mi-journée de vendredi, il fallait 17 rands pour 1 livre sterling, contre 15,44 rands pour la même livre la veille. Et la chute pourrait encore être plus marquée dans les jours à venir.

Cette situation était attendue. Et pour cause, Pravin Gordhan était retourné en 2015 au ministère des Finances sud-africain, suite à une forte pression d’une partie de l’ANC et des milieux d’affaires. Il a permis de sauver la monnaie sud-africaine lorsque celle-ci s’effondait à la suite du limogeage de son prédécesseur aux Finances sud-africaine Nhlanhla Nene.,

Son retour avait permis de freiner la chute du rand et de ramener la sérénité au sein de l’économie sud-africaine. En plus, Pravin Gordham avait montré sa détermination à réduire le déficit du budget. Ce qui avait permis au pays d’éviter une dégradation de son rating par les agences de notation financière.

Cette réputation de probité lui colle à la peau depuis bien longtemps. Ainsi, lors de sa nomination à la tête du département du Trésor en 2009, il avait expliqué qu’il «ne tolèrera pas la corruption. Nous agirons énergiquement contre le gaspillage».

Et ce sont ses sorties contre la corruption qui vont vite faire de lui la cible du clan Zuma. Pour le faire taire, il a même été envoyé, l’année dernière, devant la justice pour fraude, avant d’être complètement blanchi par cette dernière.

Limogé ce jeudi, Pravin Gordham est victime de sa rigueur financière et la gestion transparente des deniers publics, face aux dépenses faciles et surtout son intransigeance face aux affaires de corruption éclaboussant le président Zuma. D’ailleurs, ce dernier est convaincu que son ministre des Finances profitait de ses tournées à l’étranger pour miner sa réputation.

A la veille même de son limogeage, il martelait: «Nous avons la responsabilité de faire avancer ce pays dans la bonne direction, pas seulement pour remplir nos poches et pour nous-mêmes, mais pour le bénéfice de millions de Sud-Africains».

Ainsi, avec ce limogeage du «Monsieur Propre» du gouvernement, Jacob Zuma écarte l’un des opposants à sa manière de gérer les deniers publics et divise encore plus l’ANC à quelques mois d’une élection cruciale du nouveau président du parti de Nelson Mandela.

Par Kofi Gabriel
Le 31/03/2017 à 19h04, mis à jour le 31/03/2017 à 19h08