RDC-Elections: Kabila s’enrôle facilement et les Congolais font face à la pagaille

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Le 29/05/2017 à 11h16, mis à jour le 29/05/2017 à 12h47

A l'occasion de la révision du fichier électoral, les Congolais étaient appelés à se rendre dans les bureaux d'enrôlement pour obtenir leur carte d'électeur. Favoritisme, matériel défaillant, fermeture précoce des bureaux, panne d'électricité étaient au rendez-vous, sauf pour le président Kabila.

Le président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, s'est enrôlé ce dimanche 28 mai 2017 à Kinshasa dans un centre d’inscription installé dans une école de la Gombe, non loin de sa résidence d’habitation.

Procédure incontournable pour prendre part aux prochaines élections présidentielles prévues pour fin 2017, cette opération lui a permis d’entrer en possession de sa nouvelle carte d’électeur. Brandissant avec sourire celle-ci, Kabila a quitté le centre en lançant aux journalistes: "J'ai obtenu ma carte d'électeur, j'ai droit au vote".

Arrivé au centre d’inscription des électeurs à 7 heures (heure locale), Joseph Kabila s’était fait accompagner de plusieurs cadres, membres et militants de la Majorité présidentielle, dont le gouverneur de la ville de Kinshasa, le président de l’Assemblée nationale, le responsable de la Maison civile du chef de l’Etat, etc. Il a regagné sa résidence à pied, accompagné par des personnalités civiles, militaires et de la police nationale, sous les acclamations des militants des partis politiques membres de la majorité.

Enrôlement mal parti à Kinshasa

Notons que cette opération d’identification et d’enrôlement des électeurs dans la ville de Kinshasa a plutôt commencé timidement, ce dimanche 28 mai 2017, dans les 4 communes du district de la Lukunga (Ouest de la capitale) sélectionnées par la Commission nationale électorale indépendante (CENI).

Rage, exaspération, colère, irritation, déception et grincement de dents étaient au rendez-vous dans les centres et bureaux d’inscription. Que ce soit à Barumbu, Lingwala, Kinshasa ou Gombe, les mêmes plaintes: ouverture tardive et fermeture précoce des bureaux, carence de machines, lenteurs, absence de communication, favoritisme, etc. Bref, un dysfonctionnement et un amateurisme primaire étalés au grand jour!

A Barumbu, par exemple, le centre d’inscription installé au Collège St Charles Lwanga a ouvert ses portes autour de 10 heures, alors qu'une centaine de personnes attendait depuis 6 heures du matin! Avec deux machines d’enregistrement d’électeurs, dont une ne servait à rien, car en panne avant même le début des opérations, jusqu’autour de 16 heures, moins de 20 personnes seulement avaient été enrôlées.

Néanmoins, un agent de la CENI sur place a justifié le retard par l’absence de courant électrique, obligeant donc l’équipe à recourir à un groupe électrogène.

A l’Institut supérieur des techniques appliquées (ISTA/Ndolo), ce sont plutôt des étudiants qui ont pris en charge la sécurisation de l’unique bureau du centre. Avec une seule machine opérationnelle, ce centre fonctionnait au gré des humeurs de ces «agents de sécurité» improvisés qui ont catégoriquement refusé toute présence policière sur le site universitaire. De ce fait, pour avoir accès à cet unique bureau d’inscription, il fallait être ami ou connaître l’un d’entre eux.

La situation n'était pas meilleure dans les quartiers huppés de la ville, à Gombe. Dans l'enceinte du centenaire collège Saint Joseph/Elikya, la population a été surprise de constater la présence d’une seule machine pour enrôler des centaines d'électeurs. La deuxième apportée tout spécialement avait un problème, dixit un agent de la CENI qui a promis de la réparer le plus tôt possible.

Autre fait dénoncé: le favoritisme. Des jeunes gens arrivés sur leur site d'inscription depuis 5 heures du matin ont expliqué aux médias leur colère de voir certaines personnes se présenter quelques heures après l’ouverture des bureaux et entrer en possession de leurs cartes d’électeurs sans attendre.

Somme toute, de nombreux observateurs ont tiré la sonnette d’alarme face à ce piètre début des opérations d’enrôlement et d’inscriptions qui risque de décourager des millions de potentiels électeurs de la capitale. Déjà ceux qui affluent sur les lieux affirment être à la recherche d’une carte qui leur servira de pièce d’identité et leur permettra de régler différentes transactions, notamment commerciales.

Par Tshieke Bukasa (Kinshasa, correspondance)
Le 29/05/2017 à 11h16, mis à jour le 29/05/2017 à 12h47