Si le niveau démocratique d’un pays se mesurait au nombre de ses partis politiques, il est certain que la République démocratique du Congo (RD Congo) se positionnerait à la première loge mondiale.
En effet, après avoir vécu longtemps sous le régime du parti unique, le maréchal Mobutu Sesse Seko, décide d’ouvrir l’espace politique national au multipartisme en avril 1990. Au départ, juste trois partis politiques étaient autorisés. Tollé général de l’opposition et de la société civile qui ont exigé une libéralisation totale et sans contrainte du nombre des formations politiques.
Résultat : depuis un certain 24 avril 1990, à la N’sele, lorsque Mobutu a pleuré, avant de prononcer la célèbre phrase, «Comprenez mon émotion», soit 27 ans après, la RD Congo peut se prévaloir de détenir le triste record de 477 partis politiques, selon les statistiques datant de mars 2015. Et chaque jour qui passe, on continue d’en enregistrer davantage.
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Le nombre pléthorique de formations politiques démontre l’objectif commun des politiques congolais, celui de détenir une parcelle de pouvoir et se créer un espace dans les instances de prise de décision. Tout le monde veut devenir «leader». Créer son propre parti en se faisant passer pour le plus populaire dans un coin ou dans un autre. Or, en réalité, ces «leaders» placent en premier lieu les intérêts de leurs familles biologiques et politiques. Le peuple auprès de qui on demande le suffrage croupit dans la misère et sert de marchepied à ces soi-disant dirigeants.
Une chose est sûre, la pluralité des partis politiques n’a pas été synonyme d’approfondissement du processus démocratique. Pour preuve, de 1990 à 2017, trois présidents se sont succédé au sommet de l’Etat. Mobutu, M’zée Kabila et Joseph Kabila. Pourtant, 27 ans c’est l’équivalent de plus de cinq mandats de cinq ans. Au minimum, les Congolais devraient compter cinq présidents de la République, si aucun d’eux n’avait réussi à doubler le mandat.
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Malheureusement, ce n’est pas le cas. Le premier a été chassé par les armes en 1997, le second assassiné en 2001, et le troisième, fils du second, a épuisé ses deux mandats sans pour autant organiser les élections pour son remplacement. La démocratie est donc en péril. Car deux élections seulement ont été organisées. La première en 2006, la seconde en 2011. Et puis, plus rien.
Autre élément de preuve de cette médiocre santé politique, c’est le nombre de dialogues organisés depuis 1990 jusqu’à ce jour entre la classe politique congolaise: Conférence nationale souveraine, Palais de marbre I et II, Dialogue intercongolais, Concertations nationales, Ibiza, Pré Dialogue de Béatrice Hôtel, Dialogue politique inclusif de la Cité de l’UA, Dialogue de la Cenco, Arrangements particuliers… A ces rencontres, il faut ajouter les nombreuses consultations initiées par le président Joseph Kabila. De quoi comprendre les raisons d’interminables guerres dans le pays.
Autre signe que la démocratie n’est pas au rendez-vous en dépit du nombre pléthorique des partis politiques, 27 ans après l’instauration de la démocratie en RDC, plusieurs acteurs politiques se retrouvent en prison pour les uns, en exil pour les autres. L’intolérance fait que les uns n’arrivent pas à supporter les opinions des autres.
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Le respect des droits de l’homme n’est observé que dans les textes. Sur le terrain, on constate plutôt des cas d’enlèvements, assassinats, exécutions sommaires, arrestations arbitraires, condamnations fantaisistes, répressions de manifestations pacifiques, voire interdictions d’organiser des activités politiques sur la place publique, découvertes de fosses communes à Kinshasa et en province...
La justice est à double vitesse. L’impression est que le pays marche à reculons. D’ailleurs, à en croire l’indice de développement humain (IDH), la RD Congo occupe le bas du classement, soit 176e sur 188 pays.
Des scandales financiers sont signalés ici et là, en toute impunité, sans parler de détournements de deniers publics.
Alors à quoi sert ce demi-millier de partis politiques au Congo?