RDC: le fils de Patrice Lumumba salue l'adhésion du Maroc à la CEDEAO

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Le 07/06/2017 à 15h44

L’annonce de l’accord de principe de l’adhésion du royaume du Maroc à la CEDEAO n’a pas laissé l’élite sociopolitique congolaise indifférente. Démarche globalement applaudie de deux mains à Kinshasa. Réactions.

François Lumumba (acteur politique, panafricaniste et fils ainé du héros national) : «On ne peut pas évoluer seul aujourd’hui, surtout lorsqu’il s’agit des relations entre Etats. Le Maroc étant dans cette aire géographique, c’est bien qu’il se rapproche de cette structure supranationale pour faire du commerce. D’ailleurs, c’est bien pour tout le monde. Les Marocains ayant tout de même de l’expertise dans plusieurs domaines, le fait de la partager avec les pays membres de la CEDEAO, c’est un nouveau grand marché qui s’ouvre. Tout le monde y trouvera son compte». 

Le fils du chantre du panafricanisme, Patrice Lumumba, de poursuivre: «Personnellement, je soutiens tout mouvement qui cherche à unifier culturellement et politiquement les peuples africains. J’encourage la pratique de la solidarité entre les Africains où qu'ils soient dans le monde et je crois que le progrès social, économique et politique des pays africains est lié à leur unité».

Il conclut en soulignant que «Le Maroc a donné le ton, je pense que d’autres pays du Maghreb devraient suivre. J’interpelle particulièrement l’Algérie qui doit aussi faire un effort pour emboiter le pas au Maroc. C’est ainsi que nous allons bâtir une grande Afrique à partir de petites Afriques».

Dédé Birhonga Ndemba (directeur chef de service à l’Académie diplomatique congolaise) : «L’entrée du Maroc dans la CEDEAO sera une bonne chose, tant pour les anciens pays membres que pour le nouvel adhérent. Les échanges commerciaux vont s’accroître et cela va favoriser l’intégration africaine que nous appelons tous de nos vœux depuis des lustres. Si le processus se concrétise jusqu’au bout, cela servira d’exemple pour tout le continent et ce sont les Africains qui en sortiront gagnants. Nous avons appris avec satisfaction ce protocole et nous suivons de près son évolution».

Michel Tobo (journaliste sportif et de politique extérieure) : «C’est une option qui ne devrait nous étonner, nous Congolais, d’autant plus qu’il y a quatre ans le Qatar qui n’est même pas un pays d’Afrique ni même francophone, a financé le Sommet de la francophonie qui s'est tenu en RD Congo! Ce sont les intérêts économiques qui comptent. A ma connaissance, le Maroc a beaucoup investi dans cette partie du continent, il y a donc nécessité pour lui de protéger de plus près ses intérêts. Bien entendu, en sourdine, il y a des intérêts politiques qui comptent également. 

Par-dessous tout, l’entrée du Maroc dans la CEDEAO va faciliter le dialogue entre les blocs magrébin et négro-africain, car nous voyons que le Maghreb se sent plus proche des autres régions (Europe et Moyen-Orient) que de l'Afrique.

Somme toute, dans le monde actuel on ne peut pas évoluer en vase clos et le Maroc a compris qu’il doit contrôler ses intérêts en Afrique de l’Ouest. C’est légitime comme option». 

Par Tshieke Bukasa (Kinshasa, correspondance)
Le 07/06/2017 à 15h44