CEDEAO: tout sur ce que le Maroc devra adopter

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Le 14/05/2017 à 17h01, mis à jour le 14/05/2017 à 17h51

Zone de libre-échange entre les 15 pays membres, la CEDEAO c'est aussi une carte d'identité et un passeport communs facilitant la libre circulation des 320 millions de citoyens. D'autres spécificités caractérisent cette communauté économique dans laquelle souhaite entrer le Maroc.

Dans moins de trois semaines, soit le 4 juin prochain, la conférence des chefs d'Etat de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest devrait se pencher sur la demande faite par le Maroc de rejoindre l'organisation. Celle-ci témoigne de réalisations concrètes concernant la libre circulation des biens et des personnes. Les exemples sont légion des changements qui attendent donc aussi bien les citoyens que les entreprises du royaume. Tour d'horizon. 

A l'aéroport de Dakar, de Lagos, ou d'Accra, pour ne citer que ces quelques villes d'Afrique de l'Ouest, les citoyens de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ont leurs guichets à part. Il leur suffit de brandir leur passeport communautaire pour accéder à n'importe lequel des 15 pays, avec une durée de séjour illimitée.

Une force politique et une réalité économique

Le document de voyage portant le sigle CEDEAO et lisible à la machine indiquant "passeport numérique" a été imposé à l'ensemble de la zone avec comme date butoir de mise en service le 24 novembre 2013. La CEDEAO est ainsi devenue la première communauté économique régionale (CER) du continent à avoir adopté une telle mesure. Beaucoup de pays, comme le Sénégal, disposent d'ailleurs de leur passeport numérique depuis 2008.

C'est là l'une des plus grandes avancées des Etats membres, mais ce n'est pas la seule. En octobre dernier, une carte d'identité CEDEAO équipée d'une carte à puce a été lancée par le Sénégal

Le président Macky Sall a d'ailleurs été symboliquement le premier citoyen de la sous-région à en disposer. Sur le site de la présidence de la République du Sénégal, on précise qu'on aura au Sénégal comme dans tous les autres pays membres de la CEDEAO la même carte en matière de format, de couleur et de critères de fabrication. Son unique objectif est de faciliter la libre circulation des 320 millions de citoyens de la communauté.

Voilà donc quelques avancées concrètes qui montrent que la CEDEAO n'est pas une réalité de façade, à l'opposée de l'Union du Maghreb arabe au sein de laquelle la Mauritanie impose le visa aux Marocains et l'Algérie ferme ses frontières à son voisin de l'Est. On peut dire que pour le cas de l'UMA, seuls la Tunisie et le Maroc qui sont liés par un accord de libre-échange, dans le cadre de la convention des pays arabes, sont réellement concernés par le sort économique du Maghreb.

le même régime douanier pour les 15 pays

Sur le plan économique, nombreux sont les exemples démontrant des réalisations concrètes. Par exemple, les 15 pays de la zone sont soumis à un tarif extérieur commun (TEC). Cela signifie que les marchandises en provenance de l'extérieur de la CEDEAO sont soumises aux mêmes droits de douane, quelle que soit leur porte d'entrée. Cette disposition est entrée en vigueur depuis le 29 décembre 2014, soit un peu plus de trois ans actuellement. Évidemment, il n'est pas besoin de rappeler l'existence de la zone de libre-échange entre les 15 pays membres. Pour n'importe qu'elle entreprise cela se traduit par un marché de 320 millions de consommateurs.

Evidemment, pour rendre plus concret ce libre-échange, il faut des infrastructures et des institutions communes. La CEDEAO est effectivement en train d'aller dans ce sens. Ainsi, une voie routière express est prévue pour relier les différentes capitales et grandes villes de la zone, allant de Dakar à Lagos en passant, par Bamako, Niamey, Ouagadougou, Conakry, Lomé, Cotonou, Accra, Abidjan, Bissau, Banjul, Monrovia et Freetown. Plusieurs tronçons existent déjà et d'autres viennent d'être lancés. À terme, ce réseau routier sera prolongé jusqu'à Tanger, dans le nord du Maroc, comme l'a projeté le roi Mohammed VI.

Un tribunal régional et une future monnaie commune

La CEDEAO est également une force politique capable de contribuer au règlement des conflits ou des désaccords qui peuvent survenir entre ses membres ou au sein d'un même pays. Au Liberia, en Guinée-Bissau et en Gambie, elle a eu à le montrer, notamment par une intervention militaire. 

Sur le plan institutionnel, on s'achemine vers la mise en place d'une monnaie commune qui permettra de doper les échanges. Le projet est déjà très avancé et devrait s'appuyer sur l'expérience des huit pays de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Qui dit monnaie commune, parle également de la mise en place d'une Banque centrale de la sous-région. Celle-ci est effectivement en cours, comme en témoignent les récentes rencontres pour en instaurer le cadre. 

Au niveau de la CEDEAO, il y a également une Cour ouest-africaine de justice dite aussi tribunal de la CEDEAO qui règle les litiges entre les membres. Ses décisions s'appliquent également contre les Etats. Cette Cour peut être saisie par tout citoyen ou entreprise ayant un différend quelconque avec les organes de gouvernance de son pays. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 14/05/2017 à 17h01, mis à jour le 14/05/2017 à 17h51