Maroc-CEDEAO: une décision ”logique” et ”bien étudiée”

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Le 29/05/2017 à 12h37, mis à jour le 29/05/2017 à 12h41

L’adhésion du Maroc à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) sera débattue le 4 juin prochain. L’expert sénégalais Cheikh Tidiane Dieye, directeur exécutif du Centre africain pour le commerce, l’intégration et le développement (CACID), en explique les enjeux.

La demande d’adhésion du Maroc au sein de l’espace CEDEAO continue de susciter des réactions de divers horizons. Dernière en date, celle de Cheikh Tidiane Dieye, directeur exécutif du Centre africain pour le commerce, l’intégration et le développement (CACID). Il souligne que le Maroc dispose d’une stratégie d’envergure visant la consolidation et la diversification de ses performances économiques dans le continent africain, notamment auprès de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), qui doit être une source d’inspiration pour les pays de la région, a assuré l’expert économique sénégalais.

"La stratégie menée actuellement par le Maroc en Afrique est celle que la majorité des Etats du continent doivent adopter. Il s’agit d’initiatives qui constituent une source d’inspiration, notamment en ce qui concerne les actions proactives du Royaume, qui participent d’une vision claire au bénéficie des intérêts du Maroc", a-t-il dit dans un entretien accordé à la MAP.

Après avoir rappelé que le Maroc est le premier investisseur africain dans le continent, il a indiqué que le Royaume ambitionne de consolider son leadership sur le marché africain prometteur, estimant que cette dynamique sera bénéfique pour le Maroc et les Etats africains.

Réagissant à la demande formulée par le Maroc en vue d’intégrer la CEDEAO, l’expert économique a estimé qu’il s’agit d’une décision "logique" et "bien étudiée" qui démontre que le Maroc "connait bien ce qu’il veut, là où il doit agir et comment user de la force du continent".

"Certes, nous n’avons pas effectué une analyse approfondie au niveau du CACID concernant les avantages et les inconvénients de la demande marocaine, mais en ma qualité de citoyen d’Afrique de l’Ouest, je peux affirmer que c’est une démarche réalisable et peut être positive", a poursuivi Dieye, relevant qu’il convient que cette intégration soit basée sur une approche gagnant-gagnant.

L’éloignement géographique du Royaume de la région ne doit pas être décisif dans la prise de décision, a-t-il fait observer, avant de lancer que les provinces du Sud du Royaume sont plus proches de l’espace de l’Afrique de l’Ouest comparativement à certaines régions du Niger et du Mali, deux membres de la CEDEAO.

Dans ce sens, il a indiqué que le Maroc met à la disposition des pays africains les capitaux, investit dans le continent et jouit d’une expérience importante sur le plan technologique, ce qui sera "très bénéfique" pour les pays de l’Afrique de l’Ouest.

Après avoir souligné que le Maroc dispose d’une expérience avérée dans le domaine des textiles, Dieye a affirmé que l’agroalimentaire peut également constituer un levier pour le développement du continent d’autant plus que l’Afrique exporte plusieurs matières premières, ajoutant que le Maroc peut investir dans l’industrialisation de ces matières premières au niveau des pays de la CEDEAO.

Dans la perspective de réaliser un partenariat gagnant-gagnant pour les deux parties, l’expert a fait savoir que l’enjeu est de qualifier l’économie ouest-africaine, pour que les exportations aillent des deux sens.

En ce qui concerne le projet de gazoduc entre le Maroc et le Nigeria, dont l’accord de mise en œuvre a été signé entre les deux pays récemment, Dieye a estimé que ce projet est une traduction tangible de la contribution du Maroc dans le développement du continent, notant que ce projet aura des répercussions positives tant pour le Nigeria, le Maroc que pour les pays traversés par ce gazoduc.

Dieye, a qualifié par ailleurs de "judicieuse" la décision historique du Maroc de retourner au sein de l’Union africaine (UA), ce qui rompt avec la politique de la chaise vide, notant que ce retour se veut une victoire économique, diplomatique et politique pour le Royaume.

"La division ne profite aucunement aux pays africains. Il convient donc d’encourager davantage les regroupements", a-t-il préconisé, relevant que le retour du Maroc à l’UA est une décision stratégique d’une grande importance, vu le volume des investissements du Maroc dans le continent, les potentialités de son marché, outre le fait que le Royaume constitue une porte d’entrée des pays de la région à l’Europe.

Le Centre Africain pour le Commerce, l’Intégration et le Développement (CACID) vise à soutenir les efforts des pays africains pour atteindre des objectifs de développement qui impactent positivement et durablement sur les conditions de vie de la majorité des citoyens, en particulier des plus pauvres.

Le CACID ambitionne de se positionner comme le principal centre de ressources et d’expertise sur le commerce, l’intégration et le développement à la fois au profit de la société civile, du secteur privé, des gouvernements et des institutions régionales entre autres.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 29/05/2017 à 12h37, mis à jour le 29/05/2017 à 12h41