Kiosque le360 Afrique: Jusqu’où les GuptaLeaks vont-ils conduire le président Jacob Zuma? Cette question taraude tant les sud-africains au fur et à mesure des révélations de plus de 200.000 courriels échangés entre le clan du président Jacob Zuma et la puissante et richissime famille indienne des Gupta, naturalisée sud-africaine.
Parmi ces courriels figure, souligne Le Monde, la lettre adressée au prince héritier d’Abu Dhabi, dans laquelle le président Zuma souligne : "je suis heureux de vous informer que ma famille a décidé de faire des Emirats arabes unis une seconde maison". Un courriel finalisé par Ashu Chawla, PDG de l’entreprise informatique Sahara Computers, appartenant à la famille Gupta, et transféré par courriel à Duduzane Zuma, un des fils du président sud-africain, employé dans ladite société. Il s’agit-là d’un échange parmi plus de 200.000 courriels échangés entre les deux parties qui sont au cœur d’un scandale politico-financier.
Ces révélations baptisées GuptaLeaks, en relation avec la richissime famille Gupta d’origine indienne qui influencerait l’appareil d’Etat pour mieux arranger ses affaires.
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D’ailleurs, comme le souligne Le Monde, «la médiatrice anticorruption, Thuli Madonsela, a dévoilé en novembre 2016, malgré les efforts de la présidence pour entraver les enquêtes et empêcher la sortie d' un rapport au titre évocateur : ”Capture de l’Etat”». Si Zuma a tout fait pour interdire la sortie de ce rapport c’est que celui-ci «jette une lumière crue sur l’influence des frères Gupta –Ajay, Atul, Rajesh, surnommé ”Tony”- sur la vie politique sud-africaine, en premier lier sur le chef de l’Etat», explique t-on dans Le Monde.
Ainsi, grâce à cette proximité avec le président sud-africain, la famille Gupta influençait le plus haut sommet de l’Etat sud-africain. Ainsi, «Ajay Gupta n’a pas hésité à proposer 45 millions dollars (38,5 millions d’euros) à un vice-ministre des Finances pour limoger des fonctionnaires du Trésor qui se mêlent trop de ses affaires», explique le quotidien français. Le système de corruption sophistiqué mis en place par la richissime famille a été décrypté par la Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF).
Au cœur de ce système de courriels se trouve Duduzane Zuma, fils de Zuma, propulsé à 25 ans, en 2007, directeur de Mabengele investments et qui est aussi présent au sein des conseils d’administration de plusieurs sociétés de l’empire Gupta, tout en devenant la pièce maîtresse du système pour s’octroyer des contrats publics et assurer le lien entre la famille indienne et son père, le président Zuma. Grâce aux services rendus aux Gupta, ceux-ci assurent sans compter tout le train de vie du fils du président. Ils gèrent même son compte en banque et prennent en charge ses dépenses de mariage et l’aide à l’achat d’un appartement dans la plus haute tour du monde, Burj Khalifa.
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Le choix de Dubaï s’explique aussi par le fait que la famille Gupta utilise les Emirats arabes unis et leurs zones franches pour masquer certaines de leurs opérations grâce à une myriade d’entreprises qu’ils y contrôlent indirectement et de comptes en banque en devises émiratie et en dollars.
La famille y convie aussi ministres et dirigeants d’entreprises publiques sud-africains afin de faciliter leurs affaires. Ainsi, «en janvier 2016, Matshela Koko, alors directeur général par intérim de la société publique d’électricité Eskom, en a profité durant deux nuits. Les Gupta avaient un plan précis en tête: acquérir une société minière auprès du géant anglo-suisse Glencore, qui hésitait à la céder. Et ainsi devenir le grand fournisseur de charbon d’Eskom. Quelques jours après le séjour à Dubaï de Matshela Koko, les Gupta obtiennent, par le biais de leur société Tegeta, plusieurs contrats sans aucun appel d’offres, et Glencore a fini par leur vendre la société. Voilà les Gupta rois du charbon en Afrique du Sud».
De même, d’après les courriels auxquels Le Monde a eu accès, le 1er août 2015, «Rajesh a transmis à Duduzane Zuma le CV de Mosebenzi Zwane. Moins de deux mois plus tard, à la suite d’une visite du président Jacob Zuma à Saxonwoold, la sublime villa familiale où se nouent les accords de l’ombre, Zwane est nommé ministre des rRessources minières».
On comprend alors comment de nombreux contrats finissent entre les mains de la famille Gupta. C’est ainsi qu’elle a perçu près de 363 millions d’euros de commissions sur l’achat de locomotives par la compagnie ferroviaire publique, Transnet, entre 2014 et 2015.
Au fond, ces révélations montrent clairement que l’Afrique du Sud est gérée par la famille Gupta.
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La famille Gupta est arrivée en 1993 à Johannesburg pour faire fortune en ouvrant une petite boutique d’assemblage et de vente d’ordinateurs. Elle a bâti un empire financier qui emploie plus de 4.000 personnes. Un empire qui s’étend aux mines de charbon, l’uranium, les médias et le transport aérien. Atul, le cadet de la famille, pèse 6,6 milliards d’euros en 2016.
Une fortune dont les Gupta ne pouvaient disposer sans la complicité de Zuma. «Les Gupta ont misé sur le bon cheval. Ils n’ont pas fait Zuma, mais ils l’ont étudié, ont trouvé ses faiblesses et se sont positionnés en embauchant ses enfants dans leurs entreprises», explique l’analyste politique Ralph Mathegka, qui ajoute que les Gupta ont bien analysé les faiblesses de l’Etat. Ils ont compris que le secteur public est très faible et qu’une partie de l’élite est achetable».
Face à ces révélations sur les liaisons dangereuses entre les deux parties, certains pensent que Zuma pourrait être poussé à la démission avec ce scandale qui confirme une fois de plus, s’il en est besoin, les soupçons de corruption au sommet de l’Etat.
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Aujourd’hui, la famille Gupta est la plus détestée d’Afrique du Sud. Son protecteur aussi vacille et a contribué à diviser l’ANC. Jacob Zuma va faire face à sa 9e motion de défiance au Parlement le 8 août avec un vote à bulletin secret. Le risque de chute de Zuma est important. Sa chute emportera certainement celle de la famille Gupta.
Une chose est sûre. Avec toutes ces preuves rendues publiques, avec des fac-similés, Jacob Zuma est cette fois-ci mouillé jusqu’au cou. Pourra t-il s’en sortir? Pour lui, c’est une question de survie, car rester au pouvoir lui garantit une échappatoire à la justice jusqu’à la prochaine élection présidentielle de 2019. A cette date, il espère que son ex-épouse Nkosazana Dlamini-Zuma réussira entre temps à prendre la direction de l’ANC afin de lui permettre d’échapper à la justice. Ce qui est loin d’être acquis, tant l’homme et les Gupta, que les sud-africains sont ont contracté en un mot (Zupta), sont hais au pays de Mandela.