Kenya: deux recours contre la réélection de Kenyatta devant la Cour suprême

Uhuru Kenyatta a été réélu avec 98,26% des voix.

Uhuru Kenyatta a été réélu avec 98,26% des voix.. DR

Le 07/11/2017 à 08h10, mis à jour le 07/11/2017 à 09h54

Deux recours ont été déposés lundi devant la Cour suprême kényane pour contester la réélection du président sortant Uhuru Kenyatta.

Le feuilleton politico-judiciaire se poursuit au Kenya. Après l'invalidation du scrutin présidentiel du 8 août par la Cour suprême le 1er septembre, John Harun Mwau, un homme d'affaires et ancien député, a déposé un recours devant la plus haute juridiction du pays pour faire invalider le scrutin du 26 octobre, remporté par Kenyatta avec 98,26% des voix. La Cour suprême dispose de 14 jours pour statuer.

Par ce recours, Mwau conteste l'inclusion dans la liste des candidats pour le second scrutin d'un individu qui avait été déclaré en faillite. Il estime aussi que la Commission électorale (IEBC) aurait dû procéder à une nouvelle sélection de candidats.

Deux responsables d'ONG, Njonjo Mue, le président de la section kényane de la Commission internationale des juristes (ICJ), et Khelef Khalifa, le directeur de Muhuri (Muslims for human rights), ont également déposé des recours. Ils estiment que l'élection du 26 octobre, convoquée après l'annulation du premier scrutin, ne peut être considérée conforme avec la Constitution et la loi en vigueur.

Ils reprochent à la commission électorale (IEBC) et à son président, Wafula Chebukati, d'avoir maintenu l'élection en dépit des critiques qui leur avaient été adressées par le leader de l'opposition, Raila Odinga, et de n'avoir pas tenu compte de sa décision de se retirer du scrutin. Odinga avait ainsi boycotté cette élection, estimant qu'elle ne pouvait être crédible, les réformes qu'il avait réclamées au sein de l'IEBC n'ayant selon lui pas été menées à bien.

Recours contre l'opposition

Dès sa réélection, le président Kenyatta avait dit s'attendre à ce que sa victoire soit "probablement encore une fois soumise au test constitutionnel via (les) tribunaux". Il avait cependant affirmé qu'il s'y soumettrait "quels qu'en soient les résultats". Son large succès en nombre de voix a été terni par la faible participation (38,8%), en très forte baisse par rapport au scrutin du 8 août (79%), amenant les observateurs locaux à questionner sa légitimité.

La Cour suprême examinera également un troisième recours. Déposé lundi par un organisme proche du pouvoir, l'Institute for democratic governance, il cible cette fois-ci les leaders de l'opposition, accusés d'avoir commis des "infractions électorales" en s'efforçant d'empêcher la tenue de l'élection, et d'être responsables des violences commises le jour du scrutin dans les bastions de l'opposition. En effet, les partisans d'Odinga, le leader de l'opposition, avaient empêché la tenue du scrutin dans quatre comtés de l'ouest (Homa Bay, Kisumu, Migori et Siaya) - sur les 47 que compte le pays -, en bloquant les bureaux de vote.

Au lendemain de la réélection de Kenyatta, la semaine dernière, Odinga avait "promis de ne pas en rester là", en annonçant le lancement d'une "campagne de résistance nationale", faite "de boycottages économiques, de piquets de grève pacifiques et d'autres formes légitimes de protestation".

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 07/11/2017 à 08h10, mis à jour le 07/11/2017 à 09h54