Cameroun. Crise anglophone: l’école de l’intégration suisse expérimentée

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Le 23/01/2018 à 12h08

Nicoletta Mariolini, déléguée fédérale helvète au plurilinguisme, séjourne dans le pays depuis le dimanche 21 janvier pour partager l’expérience de son pays en matière de multiculturalisme.

L’Etat camerounais poursuit sa quête de solutions en matière de promotion du bilinguisme et du multiculturalisme, à la suite des problèmes soulevés par la crise anglophone qui sévit dans le pays depuis octobre 2016.

C’est ainsi que Nicoletta Mariolini, déléguée fédérale suisse au plurilinguisme, séjourne dans le pays depuis le 21 janvier, à l’invitation de la Commission pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme. Une structure créée en 2017 par le président Paul Biya pour assurer le suivi et la mise en œuvre des dispositions constitutionnelles faisant de l’anglais et du français deux langues officielles d’égale valeur, et qui célèbre son premier anniversaire le 22 janvier.

Le Cameroun entend en effet s’inspirer du modèle suisse en matière de bilinguisme et de multiculturalisme. Car la confédération helvète est en quelque sorte une Europe en miniature, notamment avec quatre langues officielles: l’allemand, le français, l’italien et le romanche.

A ce titre, la déléguée fédérale suisse au plurilinguisme a pour rôle notamment d’établir l’équilibre des langues dans l’administration fédérale suisse.

«Cette situation demande de faire des efforts pour garantir des droits linguistiques à tout le monde et une représentation équilibrée au sein de l’administration fédérale. Les responsabilités sont partagées à tous les niveaux du gouvernement jusqu’aux cantons et chaque acteur dans la société a une responsabilité pour nourrir le plurilinguisme en Suisse. Chaque communauté linguistique a besoin d’être reconnue et respectée», a notamment déclaré Nicoletta Mariolini.

Cependant, au Cameroun, l’opinion publique se plaint régulièrement du déséquilibre régional et linguistique en matière de quota dans l’administration ou les concours aux grandes écoles de formation.

De même, les anglophones ne comprennent pas pourquoi ils sont sous-représentés dans la haute administration, ou souvent cantonnés aux postes d’adjoints des francophones pour nombre de hautes fonctions. Autant de revendications auxquelles le Cameroun espère pouvoir répondre grâce au modèle suisse d’intégration des minorités culturelles et linguistiques.

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 23/01/2018 à 12h08