Afrique du Sud: malgré la pression de l'ANC, Zuma refuse de démissionner

Jacob Zuma, président de l'Afrique du Sud.

Jacob Zuma, président de l'Afrique du Sud.. DR

Le 05/02/2018 à 13h37

Le parti au pouvoir en Afrique du Sud, le Congrès national africain (ANC), se réunit lundi pour tenter de trancher la question du départ anticipé du très controversé président Jacob Zuma, de plus en plus urgente à trois jours de son discours sur l'état de l'union devant le Parlement.

Le second mandat de Jacob Zuma, au pouvoir depuis 2009, n'expire qu'en 2019 mais la pression n'a jamais été aussi forte pour qu'il l'abrège, tant dans l'opposition que dans son parti.

Le temps presse pour l'ANC, qui veut éviter la débâcle aux élections générales de 2019 en renouant avec tous ceux qui lui ont tourné le dos ces dernières années, écoeurés par les multiples affaires de corruption dont est accusé le chef de l'Etat.

Zuma doit s'adresser jeudi devant le Parlement pour son discours annuel sur l'état de la nation, où il doit détailler le programme de son gouvernement pour l'année à venir.

Mais les partisans du nouveau chef de l'ANC, Cyril Ramaphosa, élu en décembre sur la promesse de lutter contre la corruption, font tout pour l'en empêcher en obtenant d'ici là son départ.

Les alliés du président estiment, eux, qu'il doit terminer son mandat.

Dans ce contexte tendu, l'une des instances dirigeantes de l'ANC, le Comité de travail, composé de 26 membres, a été convoqué en urgence lundi après-midi pour débattre du sort du président.

Cette réunion "a lieu (...) pour discuter de la situation", a confirmé à l'AFP un haut responsable du parti.

Signe des profondes divisions qui agitent le parti de l'ex président Nelson Mandela, les pro et anti-Zuma ont été appelés lundi à manifester devant son siège à Johannesburg.

Dimanche soir, l'exécutif de l'ANC s'était déplacé à la résidence officielle de Zuma à Pretoria pour, selon le numéro 3 du parti Gwede Mantashe, parler "de ce qui est dans le meilleur intérêt de l'ANC et du pays".

Non!

L'ANC n'a pas communiqué sur l'issue de ces discussions. Mais selon Julius Malema, chef du parti de la gauche radicale des Combattants pour la liberté économique (EFF), un ancien de l'ANC très bien informé de ses débats internes, le président Zuma y "a refusé de démissionner".

Il a estimé qu'il "n'avait rien fait de mal" qui justifierait son départ anticipé, a tweeté Julius Malema.

Le chef de l'Etat "résiste évidemment", a estimé Mcebisi Ndletyana, professeur de sciences politiques à l'université de Johannesburg. Il est "naturellement anxieux, il se retrouve dans une position vulnérable, il pourrait être condamné à un sort peu enviable", a-t-il expliqué à l'AFP.

Surnommé "le président aux neuf vies" en raison de sa capacité à survivre à tous les scandales, Zuma a perdu de son influence depuis l'élection de Cyril Ramaphosa à la tête de l'ANC.

Vainqueur de l'ex-épouse de Zuma, Nkosazana Dlamini Zuma, l'actuel vice-président tente de rassurer les milieux d'affaires sur sa volonté de réformer le parti et le pays, notamment en promettant d'être intraitable contre la corruption.

L'Afrique du Sud est entrée "dans une nouvelle ère", a-t-il proclamé en janvier au Forum économique mondial de Davos. Mais plus Jacob Zuma se maintient au pouvoir, moins Cyril Ramaphosa est crédible, préviennent les analystes.

Plusieurs scénarios de départ anticipé sont envisageables.

Zuma peut démissionner de son plein gré, être renversé par une motion de défiance ou au terme d'une procédure de destitution. Il peut aussi être rappelé par son parti, qui peut lui enjoindre de remettre sa démission. Dans ce cas, il serait alors remplacé par Cyril Ramaphosa.

Au Parlement, les députés de l'opposition s'impatientent. Ils ont déposé une nouvelle motion de défiance contre le président qui doit être soumise au vote le 22 février.

La dernière en date, en août, avait échoué de peu, à 24 voix près.

"Les jours de Zuma sont assurément comptés", selon Mcebisi Ndletyana. Mais, a-t-il prévenu, il ne partira pas "sur la pointe des pieds" car il a toujours "utilisé sa présidence pour se protéger et échapper à toute poursuite".

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 05/02/2018 à 13h37