Après la validation par Election Cameroon (ELECAM) de sa candidature pour l’élection présidentielle du 7 octobre 2018, la pré-campagne électorale débute mal pour Garga Haman Adji.
Le candidat de l’Alliance pour la démocratie et le développement (ADD) s’est attiré les foudres de la presse locale et des associations féministes, depuis qu’il a rudoyé en direct une journaliste de la Cameroon Radio Television (CRTV), au cours d’une émission de débat mardi dernier. Invité à l’émission «100% Présidentielle» sur la télévision nationale en compagnie de plusieurs autres protagonistes, Garga Haman Adji s’est durement opposé à l’installation sur le plateau de la journaliste Cathy Toulou Elanga. Celle-ci devait, pour la circonstance, présenter une des rubriques de cette émission intitulée «Followers» se rapportant à la réaction des internautes.
«Elle est qui ? Elle n’a pas le droit, elle n’a ni parti, ni rien. Elle représente qui?», s’emporte notamment l’homme politique durant l’émission, tout en menaçant de quitter le plateau si la production n’accède pas à sa demande.
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Finalement, le présentateur, devant l’insistance du candidat pour éconduire la journaliste, accède à sa requête non sans gêne et la rubrique est annulée. Il n’en fallait pas plus pour que la presse se déchaîne sur Garga Haman Adji, aujourd’hui menacé d’embargo médiatique en période électorale.
«Le Syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC) condamne cette attitude du candidat Garga Haman Adji qui frise le mépris et le manque de considération pour la femme journaliste et les journalistes en général», indique notamment le SNJC dans un communiqué signé de son président, Denis Nkwebo.
«Le syndicat condamne également le journaliste Aimé Robert Bihina pour son manque de solidarité et la CRTV qui a livré en pâture une employée en plein exercice. Le SNJC appelle tous les journalistes à boycotter toute émission dans laquelle le candidat Garga Haman Adji serait invité jusqu’à ce que ce dernier présente solennellement des excuses à toute la presse», poursuit le document. Le SNJC appelle également les autres candidats à la présidentielle à dénoncer cette attitude de Garga Haman Adji qui jette l’opprobre sur leur statut.
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«Rendu en mi-temps de l’émission, le présentateur invite sur le plateau une dame que je ne connais pas et qui, déclare-t-il, va signer la chronique des réseaux sociaux. J’ai tout de suite cru à une jonglerie, à un piège», a tenté de se dédouaner le candidat de l’ADD, pour qui le débat ne devait se résumer qu’à un face-à-face entre lui et Jacques Fame Ndongo, membre du bureau politique et secrétaire à la communication du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir), le parti du président Paul Biya, candidat à sa propre succession. «J’ai donc demandé qu’on éconduise la dame. Je suis surpris que le jour d’après, les gens déplacent le débat sur le terrain de la religion ou du féminisme. Ces gens-là ont tous tort! Je respecte tous les êtres humains, hommes comme femmes. Je suis marié. J’ai une mère et des filles, dont l’une est journaliste», déclare Garga Haman Adji.