Critiqué par ses adversaires pour ne pas mener de campagne électorale et laisser des cadres de son parti, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) aller au front à sa place, Paul Biya, le président du Cameroun et candidat du parti au pouvoir au prochain scrutin présidentiel, a effectué sa première sortie le samedi 29 septembre 2018 du côté de Maroua, la capitale régionale de l’Extrême-nord.
Selon des analystes politiques, ce choix ne relève pas du hasard, la région comptant le plus grand nombre d’électeurs parmi les dix du pays, avec plus d’un million de personnes inscrites sur les listes électorales sur les quelque six millions appelées à voter le 7 octobre prochain.
Maroua est également la capitale d’une région meurtrie ces dernières années par les attaques de la secte terroriste Boko Haram. Le président-candidat n’a du reste pas manqué de le rappeler. «Au cours des dernières années, vous avez été en première ligne. Et vous n’avez pas cédé. Face à un envahisseur barbare qui détruisait, brûlait, tuait, vous avez résisté autant qu’il était possible.
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Vous avez soutenu nos forces de défense et de sécurité. Les comités de vigilance ont joué un rôle essentiel dans votre résistance. Maintenant que l’ennemi a été repoussé hors de nos frontières, il nous revient de reconstruire, de faciliter le retour des déplacés et de tout faire pour recréer les conditions d’une vie normale sous ses différents aspects, administratifs, scolaires, économiques et sociaux. Il nous faudra toutefois rester vigilants, les terroristes n’ayant pas renoncé à fomenter des attentats-suicides toujours difficiles à prévenir», a déclaré Paul Biya dans son discours, lors du meeting organisé au stade municipal de la ville.
Les élites de la région, parmi lesquelles le président de l’Assemblée nationale, ont saisi l'occasion pour lui réaffirmer le soutien de l’Extrême-Nord à sa candidature. Le candidat du RDPC a aussi fait des promesses à l’endroit de la population locale.
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«Dans le domaine de l’énergie, les anciens barrages hydroélectriques seront remis à niveau. D’autres entreront en service. Des installations solaires, plus faciles à mettre en œuvre, viendront les compléter. Vous disposerez ainsi de l’énergie indispensable à l’électrification des zones rurales et au fonctionnement de vos industries. Tout laisse penser que votre sous-sol est riche en minerais et en pétrole. Il conviendra de donner un nouvel élan à la prospection et, par la suite, à l’exploitation. Certaines de vos terres sont fertiles et se prêtent à des cultures industrielles à grande échelle», a-t-il indiqué, tout en évoquant l’éventualité d’une ligne de chemin de fer qui reliera les villes de Ngaoundéré à N’Djamena au Tchad via Kousséri.
Enfin, Paul Biya a aussi abordé le thème de la crise anglophone qui secoue les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis octobre 2016. «Je crois pouvoir dire que nous avons surmonté le plus dur de ces épreuves. Mais, il nous reste évidemment à restaurer la paix dans nos régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, meurtries par les exactions des sécessionnistes. En apportant à nos compatriotes de ses deux régions toutes les satisfactions qu’elles sont en droit d’attendre et en les protégeant contre les excès de ces soi-disant libérateurs, nous démontrerons que leur avenir se trouve bien au sein de notre République. Mais il nous faudra pour cela rester unis et solidaires, manier à la fois la fermeté et le dialogue et demeurer fidèle à notre idéal démocratique», a affirmé le chef de l’Etat, candidat à un septième mandat à la tête du pays.